métaphores maritimes douteuses

En 2011, je crois, j’ai dû prendre un long traversier dans le cadre de mon travail. Nous étions un grand groupe de personnes, avec plusieurs voitures. C’était un traversier sur le fleuve, ça n’aurait pas dû être un défi majeur. Mais compte tenu de l’ampleur du golfe du Saint-Laurent et de ma tendance forte à avoir le mal de mer à la moindre occasion, je me suis préparée. J’ai fait attention à ce que je mangeais dans les heures précédant la traversée. J’ai pris des anti-nausée. Je voulais être sure de tenir le coup pendant deux heures et demi dans le bateau. Arrivée à bord, j’ai d’abord été un peu stressée, je ne voulais pas être malade – ça ne faisait pas professionnel(!). Je suis allée un peu sur le pont pour prendre l’air. Je me sentais plutôt bien. Mais c’était l’automne, il faisait froid et noir, alors j’ai décidé de rentrer, de retrouver les gens que je connaissais. J’ai commencé à trouver que mon plan pour éviter le mal de mer fonctionnait à merveille. Puis trois personnes que je connaissais m’ont demandé si je voulais me joindre à elles pour une partie de Scrabble. Il leur restait une place. On avait du temps devant nous, je me sentais en pleine forme, j’aime jouer au Scrabble. Pourquoi pas?

Au premier tour, je me suis sentie un peu mois d’aplomb. Essayer de me concentrer sur les quelques tuiles placées sur la planche de jeu malgré le bateau qui tanguait doucement, jongler avec mes lettres pour former un mot à peu près adéquat. Dès le deuxième tour, je me suis sentie prise de nausées. J’ai abandonné la partie pour ressortir sur le pont, essayer de reprendre pied.

C’est pareil maintenant. J’ai l’impression que j’ai assez fait pour me préparer, que j’ai les outils adéquats pour faire face. Pourtant, quand je me dis que je suis assez remise pour faire face à de nouvelles situations, je sens la nausée revenir, comme pour m’avertir de ne pas ambitionner. Je me retrouve sur le pont du bateau avalée par le ciel et l’eau. Encore hier soir. Comme si les vagues m’avaient fait passé par dessus bord. Je m’accroche tant bien que mal, ballottée, en me disant que cette traversée ne se terminera pas mais que, j’espère, la mer finira par se calmer. Ou que je m’habituerai au mal de mer.

Il y a quelques années, mon cousin qui parlait de son expérience du mal de mer – en se basant sur une expérience beaucoup plus extensive que mes histoires de traversier – avait expliqué la situation comme ça (il faudrait que je vérifie l’exactitude de la citation) :

Au début, tu te sens tellement malade que tu as peur d’en mourir. Après tu te sens tellement tellement malade que tu as peur de ne pas mourir, et de devoir continuer à faire face. Et enfin, tu apprends à vivre avec.

J’y ai repensé souvent cette année.

[fin des métaphores maritimes douteuses]

2 réflexions au sujet de « métaphores maritimes douteuses »

  1. la phrase de ton cousin a parfaitement résumé notre situation….j’aurais aimé qu’elle ne s’applique qu’à mes satanés maux de mer moi aussi ! Notre embarcation est frêle et on navigue à vue mais faut s’accrocher au gouvernail ! Bises !

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