Dans un groupe virtuel de mamans en deuil, une discussion sur le risque d’amalgamer un bébé décédé avec son petit frère ou sa petite sœur. Une maman remarque que cette confusion est intensifiée du fait que le bébé qu’elle porte ne pourrait pas exister sans la mort du premier. Et pour beaucoup de femmes qui ont perdu leur bébé in utero, c’est le cas. Leurs deux grossesses ne peuvent pas coexister dans le temps et l’espace sans que la première ne se soit terminée abruptement et tragiquement. J’imagine qu’alors, il y a un risque que la deuxième grossesse s’inscrive dans le prolongement de la première, le deuxième bébé, dans le prolongement du premier, leurs existences entremêlées.
Même si plusieurs mois se sont écoulés entre la naissance de Paul et la conception d’Aimé, j’ai moi aussi un peu cette impression d’avoir vécu une longue grossesse sans interruption. Mais les deux accouchements — difficiles et marquants — et l’aspect très concret et inoubliable des semaines où Paul a vécu font que je différencie tout à fait l’existence de mes deux petits, et peut-être encore plus intensément au fil des jours qui passent auprès d’Aimé qui grandit à vue d’œil.
C’est donc moins l’inquiétude de voir l’existence de Paul et d’Aimé se confondre qui m’habite, que la frustration que leurs vies n’existent pas simultanément. Au cœur de cette frustration, il y a évidemment la douleur de vivre sans Paul, de savoir sa vie interrompue à jamais. Il y a de la tristesse pour Aimé, qui ne connaitra jamais son frère, qui grandira dans une famille marquée par le deuil. Il y a tout ça mais aussi la frustration plus de ne pas avoir la famille entière que nous aurions pu avoir. Deux enfants. Deux frères. Une famille complète, accomplie.
Sans la présence physique et quotidienne de Paul, je ne peux m’empêcher de trouver que notre famille est bancale. En plus de l’absence de Paul, comme individu, je souffre de l’absence du deuxième enfant qui devrait être là. J’ai peur de sembler réduire mes enfants à des éléments à cocher sur une liste de chose à faire, mais le fait est que je fais aussi le deuil de cette famille que je n’aurai jamais. Celle où le nombre de grossesses menées à terme correspondrait au nombre d’enfants qui grandissent. Égoïstement, j’en veux à la vie de ne pas m’avoir laissé profiter pleinement des fruits de l’effort et de l’inconfort de ces deux grossesses, de ces deux accouchements.
Aimé galope en haut des courbes de croissance. Il ne rentre déjà plus dans plusieurs de ses vêtements. Presque chaque jour, j’ajoute un morceau à la boîte de vêtements désormais trop petits.
Chaque fois, je me demande si je dois donner ces choses ou si je dois les garder pour un éventuel troisième enfant…
Chaque fois, je pense aux mois d’inconforts en tout genre, et surtout à l’expérience doublement difficile de l’accouchement que je ne souhaite pas revivre.
Je sais que la décision n’a pas à être prise maintenant.
J’essaie de ne pas la laisser prendre trop de place en moi.
J’essaie de me dégager de cette frustration.
J’essaie de me concentrer à faire le deuil de Paul.
J’essaie de me concentrer sur Aimé, sur ses pieds, ses sourires, ses petits grognements.
J’essaie.
Laisser le temps nous donner les réponses à nos questions….
I’m sorry you had another difficult birth (not sure if you wrote about it and I missed it?)
In a way and although our stories are different, I think I can relate to the loss you feel. If the twins had lived, they would always have had someone to play with. I love seeing SB interact with other babies, and yet it breaks my heart a little. Especially now that it’s just the two of us at home I would love for her to have a playmate, a sibling. And in wishing for this I’m kind of confusing her with her big sisters…
Yes, I think it’s a similar feeling… SB’s sisters will always be missing, always « not there » to play with her, another loss on top of the loss of them as individuals. (or at least hat’s how i feel about Paul not being with us)
There will always be an awkwardness and a sorrow, a gap. There will always be the wondering how it might be if both Paul and Aime were able to co-exist in life. The words « my family » will always feel incomplete when describing your home life. But, can I say that (for me, with B.W.), it became, over time, more sweet than bitter? The nag was there, a bit of sorrow too, but at maybe 4 years after B.W.’s death, things felt « as they should be » – I guess I fully accepted it – even if that was not what I ever wanted, expected or anticipated. I still felt cheated, but I was okay (?) with being cheated, I suppose. I think it had a great deal to do with the joy and wonder of raising C.T.
I do not think Zachary’s death and absence will manifest/mature for me in the same way. The feeling cheated is so astronomically off the charts because it is compounded. There will also be no rainbow « this time », though I despise the terminology and any attempt at explaining it.
Thoughts race and you are entitled to every bit of them. Aime is gorgeous and I am so thrilled he is growing and delighting you…, and you still get to feel cheated too.
What you describe about your grief for B.W. aligns with how i feel about my parents’ deaths. It’s not ok but it does end up feeling like things are « as they should be ». And already, I am starting to feel that way about Paul. I’m getting used to it, i suppose, even though it’s a slow process (and one i am not in a hurry to complete).
I can only imagine a glimpse of how you must feel about Zachary, about how your family is more incomplete than ever. I am so sorry and sad he’s not with you, not with your family.
Très beau texte. Tellement touchant.
pour les vêtements et le choix d’avoir un autre bébé rien ne presse, et même si tu choisi de donner ces vêtements, rien ne t’empêchera d’avoir un troisième enfant plus tard. Si tu ressens le besoin de faire le ménage tu devrais te donner le droit de le faire. Moi j’entasse tout dans mon sous-sol dans l’espoir d’un autre enfant… si jamais il n’y en à pas d’autre vider le sous-sol va être un défi horrible et un autre deuil.
Je te comprends. C’est dur d’appréhender ces autres deuils possibles, de se faire à l’idée qu’on aura peut-être pas un autre enfant… Je ne crois pas qu’il y ait de façon de faire miracle pour s’éviter de la peine.