(pour celles/ceux qui seraient sensibles à ce sujet : ce billet parle de mon bébé vivant et pas vraiment de deuil)
À peine de retour à la maison après quelques jours au chalet de la famille de P., on se prépare à recevoir de la visite. Ma tante qui habite aux États est de passage en ville pour quelques jours. Elle vient faire un tour avec ma grand-mère.
J’essaie de remettre un peu d’ordre dans la maison. Je veux que ça ait l’air propre. C’est ma routine à peu près chaque fois que j’ai de la visite, surtout la visite de ceux et celles qui ont toujours été des adultes dans ma vie… C’est un peu pour donner bonne impression, et un peu parce que la visite, c’est la meilleure source de motivation pour passer par dessus mon manque d’intérêt chronique pour le ménage. Quand les gens repartent, je continue de profiter du rangement.
J’ai calculé mes affaires pour que tout soit présentable à leur arrivée. Pour la première fois, je suis interrompue plusieurs fois par un bébé qui demande mon attention ou mon sein. Un petit stress monte en moi. J’ai peur de manquer de temps pour passer le balai et ramasser la quantité astronomique de poil de chien qui décore notre plancher (on garde une deuxième chienne pour la semaine alors c’est deux ou dix fois pire que d’habitude). J’ai peur que ça ait l’air crade chez nous.
P. semble dans le même état que moi. On arrive pas à aller à notre rythme habituel. Aimé n’a pas envie d’être déposé. Même le petit transat-qui-vibre ne l’apaise pas, il a besoin d’être dans nos bras. P. me répète souvent « priorité bébé » — son slogan pour guider ses choix quotidiens — mais concrètement, c’est parfois tentant de vouloir faire comme avant, d’aller à notre rythme d’adultes plutôt qu’au sien.
Vingt minutes ou une demi-heure avant l’heure H, Aimé me réclame. Je commence à l’allaiter en pensant à l’énorme tas de poils de chien que j’ai abandonné sur le plancher du salon, je passe en revue les excuses que je pourrais utiliser pour justifier la saleté. Puis je baisse les yeux sur Aimé, qui a l’air complètement serein dans mes bras. Je sens l’air doux qui nous entoure et le balancement de la chaise-hamac ou nous sommes installés. J’inspire profondément. Et je me sens bien.
Je finis d’allaiter quelques minutes plus tard et je décide que le plancher peut être sale un peu plus longtemps. Aimé est blotti sur moi, repu, avec cet air béat de bébé qui a bien mangé. Je respire l’odeur de ses cheveux, je donne un bisou au creux de son cou. Il a l’air tellement bien. Moi, je ne pourrais pas être mieux.
« priorité Aimé »
🙂 Priorité Aimé/aimer ❤