au bas de la page

Vois-tu une différence entre les polars de Mankell et les livres de l’auteure que tu lis en ce moment?

L’auteure que je lis en ce moment, c’est Camilla Läckberg. Quelqu’un m’a donné deux de ses livres qu’il avait récupérés. Il sait que j’aime les romans policiers scandinaves. Il a déposé ces deux-là sur mon bureau en me disant que si je les avais déjà lus, je n’aurais qu’à les donner. Je ne les avais pas lus. En fait, je n’avais jamais lu de livres de Camilla Läckberg.

J’ai dévoré son premier roman, La Princesse des glaces, en une journée et demie. Hier, je n’ai pas pu m’empêcher d’entamer le deuxième, Le Prédicateur, même en sachant que la semaine commençait, et que ça risquait de m’irriter de ne pas pouvoir lire autant que je le souhaiterais. Je me rappelle m’être empêchée de lire le deuxième tome des Millenium, alors que je terminais une session d’université. Je m’étais retenue pendant deux ou trois semaines pour pouvoir réellement me plonger dans l’histoire une fois mes examens terminés et mes travaux remis.

Est-ce que je vois une différence entre Läckberg et Henning Mankell, un autre Suédois auteur de polars? P. me pose la question alors que j’entame le deuxième roman de celle qui (selon wikipédia!) s’est fait surnommer la Agatha Christie suédoise (of course!). Je réponds sans y penser longtemps, qu’outre le récit qui m’a tenue en haleine jusqu’aux dernières pages, j’aime bien qu’elle saupoudre ici et là des commentaires sur le pouvoir dans les relations de couple, la violence et le partage des tâches ménagères. Après ma lecture d’hier soir, je pourrais ajouter que dans Le Prédicateur, on suit l’histoire d’une femme en fin de grossesse et que je me reconnais dans ses maux du troisième trimestre. Je me reconnais dans la description de l’attente, de l’espoir, du sentiment d’irréalité qui s’étire jusqu’à la toute fin.

Puis, quelques pages plus loin, c’est au tour d’un des personnages secondaires de raconter au futur papa la fin de la grossesse de sa femme, bien des années plus tôt. L’histoire, racontée par un vieux flic bougon, est d’abord presque comique. Puis, au bas de la page, en quelques lignes, comme dans la vraie vie en fait, tout bascule :

[…] Gösta s’était tellement engouffré dans l’allée des souvenirs qu’en fait il parlait tout seul. Il continua :
– Le garçon était parfait quand il est né. Grand et beau, oui. Mon portrait tout craché, à ce qu’ils disaient. Mais ensuite c’est allé très vite. Gösta faisait tourner son alliance de plus en plus frénétiquement. J’étais là avec eux dans la salle de la maternité quand il a cessé de respirer. Ça a été le branle-bas de combat. Les gens arrivaient en courant de partout, et ils nous l’ont pris. Puis quand on l’a revu, il était dans son cercueil. L’enterrement était très beau. Ensuite, le coeur n’y était plus pour en faire un autre. On avait peur que ça ne recommence. On ne l’aurait pas supporté, Majbritt et moi. Et on s’est contentés l’un de l’autre.

— Camilla Läckberg, Le Prédicateur, p. 89

Quelques lignes. Au travers de dizaines de pages qui n’ont rien à voir avec cet extrait. Et pourtant, j’ai l’impression qu’elle sait. Peut-être pas non plus. Mais qu’importe. J’ai l’impression, le temps de ces lignes, que nous existons.

Paul. P. Moi. Tous les parents qui se reconnaissent dans ce vécu impossible. Leurs bébés aussi.

l’impression

Dans les romans bien ficelés mais un peu froids d’Henning Mankell, je n’ai pas même l’impression.

 

 

2 réflexions au sujet de « au bas de la page »

  1. malheureusement c’est tout ce qui nous reste, un souvenir, une odeur, une impression….qu’on a été parents, un jour…ou un petit peu plus.
    je n’arrive toujours pas à lire depuis. impossible de me concentrer assez. je vagabonde dans mes pensées et je peux relire la même phrase 50 fois de suite sans jamais me rappeler de l’histoire vraiment. bises.

    • Pour moi, la lecture et les films (et les séries télé) m’ont permis et me permettent encore un moment d’évasion quand la réalité pèse trop… J’espère qu’éventuellement, le plaisir de lire te reviendra, et surtout, que tu auras toutes les raisons de lire des albums cartonnés et des livres qui vont dans le bain. xx

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