Pendant la fin de semaine, j’ai reçu un court message d’une amie — le genre de message que j’aimerais recevoir plus souvent tant il m’a fait du bien. Elle me racontait un rêve qu’elle avait fait la nuit précédente. Dans son rêve, nous étions avec des ami-e-s et des enfants dans un grand parc au bord de la rivière, dans notre quartier, et un petit garçon arrivait en s’exclamant sur le beau temps et la chaleur. C’était Paul.

Ce n’ai pas moi qui ai fait ce rêve, et pourtant, en lisant les quelques lignes qu’elle m’a envoyé, des images claires et colorées me sont venues à l’esprit. Sans effort, j’ai vu ce Paul, grandi, capable de courir, de parler, Paul heureux comme il aurait dû l’être. Pendant un instant, ce qui aurait dû être a pris le pas sur ce qui est, sur la réalité à laquelle je me suis habituée, bien malgré moi.

Ça me fait du bien d’y croire un moment, d’imaginer comme la vie aurait pu être douce. Croire qu’on y avait droit, qu’on y a droit, que ce qui s’est passé n’est ni une indication de ce que l’on méritait, de ce que l’on mérite, ni un signe annonciateur du futur qui nous attend. Je veux y croire.

Bizarrement peut-être, le réalisme de ces images de Paul courant vers nous, plein de joie m’aide à croire un moment que ça va aller, que le futur nous réserve des petits bouts de paix et de bonheur. Paul heureux et enjoué, même en rêve, m’aide à croire que les coups de pied qui m’ont tenue éveillée pendant deux heures au petit matin ne vont pas s’arrêter pour faire place à la tragédie. Il m’aide à croire que bébé-lentille arrivera dans nos vies et nous fera redécouvrir la beauté du monde à travers ses yeux. Il m’aide à croire qu’un jour, je connaitrai la joie de voir mon enfant courir vers moi en s’extasiant sur le beau temps…

merci R. de m’avoir partagé ton rêve
merci Paul d’avoir existé, d’exister toujours
xxx