le visage d’Aimé, mobile, changeant
ses nouvelles grimaces, son sourire de plus en plus volontaire
ses yeux curieux, découvrant chaque jour ce qui l’entoure
les occasions d’immortaliser ses premiers mois chaque jour renouvelées
les photos de Paul, figées dans le temps
images de ses premières semaines, de ses seules semaines
son visage figé, inconscient, des derniers jours
les nôtres, rougis, dans ces dernières photos de famille prises à contrecœur avant la toute fin
les petits bonheurs du quotidien
la douceur de la peau au réveil, ses petites mains qui s’agrippent à mes doigts
la fierté qui enfle en moi quand je le porte, quand je le regarde
la beauté de cet été qui s’écoule doucement le long de nos vies
les souvenirs qui me coupent le souffle
le choc qui ne s’atténue pas, le moment où tout arrête d’être simple et normal
les tentatives vaines pour renverser le cours des choses
le cerveau qui s’éteint, la lumière qui n’anime plus ses yeux
la famille rassemblée en urgence pour accompagner Paul dans ces derniers instants
les sentiments d’impuissance et d’injustice qui remontent en moi avec tellement de force, d’intensité
deux univers dans lesquels j’évolue en parallèle
l’un doux et ensoleillé et fragile
l’autre triste et froid. inquiétant dans sa permanence
l’absence de Paul m’accompagne chaque jour
même les plus beaux
même quand je me sens habitée de la joie spontanée que je croyais ne jamais retrouver
Gorgeous. Parallel worlds indeed. Paul and Aime, your sons.