Un soir, je décide de consacrer quelques minutes à un projet d’album photo qui traine depuis plusieurs mois. Je sélectionne des photos à faire imprimer. Des photos de toi.
Les larmes jaillissent, imprévisibles.
Regarder ces images me replonge dans les courtes semaines que nous avons partagées. Je sais que si je nous compare aux nombreux parents endeuillés qui n’ont que quelques photos de leur bébé, et parfois aucune photo de leur bébé vivant, nous avons de la chance. Je sais que nous avons eu de la chance mais je ne peux pas m’en tenir à ça. Je ne peux pas voir que l’aspect positif de ces photos pleines de bonheur que nous avons eu le temps de prendre pendant 25 jours.
Dans cette collection d’images qui ne grandit plus, il y a toi qui ne grandit pas non plus. Il y a la réalisation constamment renouvelée de la brièveté de ta vie. Le passage du temps se fait d’une manière inhabituelle pendant les premiers jours de la vie d’un nouveau-né. Lentement. Délibérément. Tous ces instants savourés, ces nuits et ces journées indistinctes passées à te nourrir, à te câliner, font que j’ai l’impression d’avoir profité de tous les instants avec toi. Mais ils camouflent le fait qu’un mois, c’est si peu. C’est rien.
Les mois passent et passent.
Nous ne prenons plus de photos de toi.
Nous capturons le quotidien de ton petit frère. Une collection d’instants qui s’élargit de jour en jour. Ses jeux, ses rires, ses repas… Je voudrais tellement vous voir grandir tous les deux. Coude-à-coude, côte-à-côte.
Je voudrais tant ne pas avoir à me satisfaire des photos que nous avons la chance d’avoir.
Je voudrais tant documenter tes progrès et tes aventures de presque-trois-ans plutôt que les clins d’œil à ta présence qui parsèment notre existence.
Mais comme je chéris les images de toi, du mois que nous avons partagé, je conserve aussi précieusement les moments où tu t’invites dans nos vies. Au détour d’une rue à Montréal ou dans le décor miniature d’une soirée au théâtre…
je t’aime mon petit marcassin.
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