effacé

J’ai un nouvel emploi (j’ai un autre texte qui mijote à ce sujet). Je travaille avec des gens que je ne connais pas encore, et qui ne me connaissent pas encore. Je travaille dans un bureau ouvert, avec mon ordinateur personnel. Pour faire de la place à des nouveaux logiciels, je fais du ménage dans mon ordinateur.

Mon fond d’écran depuis des mois est une photo partagée ici il y a longtemps. Mon père et moi / mon fils et moi. J’adore cette photo de Paul. Elle me rappelle le sentiment de fierté débordant vécu au moment où elle a été prise. Je me rappelle avoir été encore plus fière quand la grand-mère de Paul l’avait vue :  » Il est tellement fort pour un bébé de trois semaines! » Comme si nous n’étions pas, l’une et l’autre, complètement biaisées!marcassin Lire la suite

les photos

Un soir, je décide de consacrer quelques minutes à un projet d’album photo qui traine depuis plusieurs mois. Je sélectionne des photos à faire imprimer. Des photos de toi.

Les larmes jaillissent, imprévisibles.

Regarder ces images me replonge dans les courtes semaines que nous avons partagées. Je sais que si je nous compare aux nombreux parents endeuillés qui n’ont que quelques photos de leur bébé, et parfois aucune photo de leur bébé vivant, nous avons de la chance. Je sais que nous avons eu de la chance mais je ne peux pas m’en tenir à ça. Je ne peux pas voir que l’aspect positif de ces photos pleines de bonheur que nous avons eu le temps de prendre pendant 25 jours.

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se souvenir de vies trop courtes – le travail de la Fondation J’allume une étoile

Dans les jours qui ont suivi le décès de Paul, j’ai regroupé toutes les photos de lui que son papa et moi avions prises, je les ai copié sur un disque dur. Puis j’ai fait une autre sauvegarde sur une clé USB que j’ai remise à une personne en qui j’ai confiance. Pour une fois, je n’ai pas procrastiné. Dès le tout début, je savais à quel point ces images étaient précieuses.

Annick

Je suis immensément reconnaissante d’avoir partagé quatre semaines de vie et de bonheur avec Paul. Et je tiens aux photos — et aux trop rares vidéos — que nous avons captées au cours de ces semaines. Je sais que nous avons beaucoup de chance d’avoir ces images, presque comme des « preuves » de l’existence de Paul et du moments de joie intense qu’il nous a fait vivre.

Spécifiquement, je suis consciente de la chance d’avoir des photo de notre bébé en santé, heureux, à la maison… C’est beaucoup à cause de ces images que je ne me lasse pas de redécouvrir que je comprends l’immense importance des différents groupes qui offrent des services de photographie aux parents ayant perdu un bébé ou vivant leurs dernières heures avec lui ou elle.

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reading notes – memory

As i was reading on qualitative research methods, i came across a talk by feminist scholar Cynthia Cockburn. These ideas seem interesting to consider for my research but more so, they spoke to me about what i have been doing (exploring might be more accurate) here…

It’s common ground among memory researchers that a given memory shouldn’t be taken as “truth” but rather as evidence, to be interrogated, mined for its meanings and its possibilities. A memory should be seen as something to be critically interpreted in terms of both form and content. Both individual and collective memories of given events and moments change with the passage of time. Memory studies aren’t just concerned with the past. The crucial thing is they’re about the relationship between past and the present.

and later:

And as to the photographs… They may seem like representations of historical events and moments that may be understood at a glance – but photos are tricky things. They’re not transparent in this way. […] A photograph is contradictory because on the one hand it has a secure indexicality, it can be traced back to an actual time and place. But perversely, its meaning actually changes as time passes.

(Source : « Using photography in connection with social research », http://www.cynthiacockburn.org/BlogPhotographyinResearch.pdf)

imaginer

L’année dernière, quelque part pendant ma grossesse, j’ai commenté à ma collègue que j’avais l’impression d’être très centrée sur moi-même, égocentrique, presque. Elle m’a répondu à la blague que je pourrais faire équipe avec sa fille, à l’aube de l’adolescence et plongée à pieds joints dans une phase nombriliste. Je me sentais un peu coupable de ne penser qu’à moi mais mon entourage me répétait que je pouvais me le permettre, et je me justifiais à moi-même en me disant que bientôt, je me tournerais entièrement vers les besoins et les attentes de quelqu’un d’autre. Et d’ailleurs, m’occuper de moi pendant la grossesse ne pouvait-il pas être vu comme de l’attention portée à mon bébé?

Cette impression d’égocentrisme ne m’a pas quittée.

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Mon bébé,

Faute de pouvoir te bercer, te tenir contre moi, t’allaiter, j’ai besoin de te parler, de t’écrire. Chaque matin au réveil, parfois après une nuit peuplée de rêves dans lesquels tu es là, de loin ou de près, je croise ton regard. Sur la photo de toi qui est accrochée près de notre lit, tu fais beaucoup plus vieux que tes trois semaines, peut-être un peu à cause de l’agrandissement, certainement aussi parce que tu y as les yeux grands ouverts. Dans ton regard, j’imagine plein de pensées, de souhaits, de projets. J’imagine les messages que tu me lances. Et je te réponds.

Je te parle en faisant à manger, t’imaginant assez grand pour goûter aux patates douces.
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