Nuit agitée sous la tente. Nous n’avions pas encore fait de camping cette année et Aimé semble avoir oublié les joies de dormir en plein air.
Nuit agitée sous la tente. Les mots se bousculent dans mon esprit assez longtemps pour essayer d’y mettre de l’ordre du bout du pouce, en tentant de camoufler la lumière de l’écran de mon téléphone. J’ai esquissé trop de textes ces derniers mois, que j’ai abandonnés faute de temps pour réellement explorer les idées et les émotions qui les inspirent.
Le temps continue de laisser sa marque profonde sur mon expérience du deuil et sur la relation que j’entretiens avec Paul. Si la peine se transforme et s’amenuise, la présence de Paul dans mon quotidien demeure. Stable. Profonde. Rassurante.
La tente est plantée dans un camping de l’Isle-aux-Coudres. Dans quelques heures, nous pendrons le départ d’une course à laquelle je me sens fermement liée. C’est ici que j’ai rencontré P. quelques minutes avant le départ de la première édition de cette course autour de l’Isle. C’est ici aussi que nous avons souligné les six premiers mois de la vie sans Paul. En courant. Entouré.e.s d’ami.e.s qui nous accompagnaient. D’ici et d’ailleurs.
Dans quelques heures, je prendrai le départ du 10km avec Aimé dans la poussette. P. sera déjà parti pour la boucle de 23km.
Je n’ai jamais participé à une course avec la poussette alors j’appréhende un peu la réaction d’Aimé et ma capacité à me pousser tout en le poussant lui. Et la pluie qui risque fort de nous tomber dessus.
On verra. On s’adaptera.
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Dans le gymnase d’une école primaire locale où nous récupérons nos dossards pour la course, des pancartes indiquent les différentes distances qu’il est possible de parcourir. En voyant celle du 1km, je dis à la blague à Aimé: » Cours! Commence à t’entraîner pour l’an prochain! »
Je ne peux m’empêcher de me demander si Paul, du haut de ses trois ans et demi, aurait eu envie de prendre le départ.
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Il y a trois ans, nous avons couru pour Paul. Demain-ce matin, je courrai encore pour lui.
