de moi, de nous

img_2579mon petit Paul,
mon amour,
mon bébé d’hiver,

Il y a trois ans aujourd’hui, nous vivions le désespoir de voir ta vie s’éteindre si peu de temps après avoir commencé.

Nous, c’est ton père et moi.
Nous, c’est nos familles, nos ami.e.s.
Nous, c’est ceux et celles qui ne savaient pas le drame qui se déroulait en ce premier février 2014 mais qui allaient contribuer à te faire vivre dans leur mémoire pour des semaines et des mois.

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la musique

Aimé s’est mis à chanter.
Ce n’est pas encore limpide, mais depuis une semaine ou deux, on distingue Au clair de la lune, qu’il a appris à la garderie.

L’entendre chanter, ça évoque des souvenirs de mes parents.

Des souvenirs de ma mère, qui fredonnait beaucoup, qui m’a laissé en héritage plein de bribes de chansons, et quelques autres dont toutes les paroles sont gravées en moi. Lire la suite

un an

grandpetit1Un an s’est écoulé. Nous avons bouclé une année entière pendant laquelle je me suis souvent référée à ce que je vivais 365 jours plus tôt, pour essayer de donner du sens à ce que ma vie était devenue, pour comprendre comment les choses avaient pu changer aussi dramatiquement en moins de douze mois.

Je ne sais pas ce que cette année qui s’amorce nous réserve. Je ne sais trop quel bilan faire de cette année de deuil. Certains jours, je me sens encore tellement démolie, d’autres, je ne peux que constater que j’ai réussi à rebâtir une part de moi pendant ces mois de dérive.

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solitude/communauté

Il y a quatre semaines, c’était l’anniversaire de Paul. L’an dernier, avant qu’il naisse et pendant ses premiers jours, j’ai entrevu comment nous pourrions célébrer chaque année cette journée. J’imaginais des fêtes d’enfants hivernales, des jeux dans la neige, des chocolats chauds et une galette des rois réinventée pour lui.

Cette année, nous avons mangé de la galette des rois en son absence, sans mode d’emploi pour cette journée qui aurait dû en être une de célébrations. Demain, une autre journée journée pleine de sens et de tristesse marquera la fin d’une année entière sans Paul. Que doit-on faire par une pareille journée? Comment rendre honneur à sa vie, à son passage dans les nôtres sans sombrer dans le désespoir? Comment célébrer la trop courte présence de Paul dans le monde alors que je prends encore tout juste la mesure de son absence dans ma vie.

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échanges

L’année dernière, dans les dernières semaines de ma grossesse, j’ai eu envie de décorer la maison pour noël pour la première fois depuis des années. Ce n’est pas que je n’aime pas noël — j’aime préparer des repas en famille, bruncher avec mes amies et échanger des cadeaux, marcher dans la neige. Simplement, l’envie de décorer ne m’avait jamais submergée et je ne voyais pas de raison particulière de faire un effort à cet égard. Et puis, le mois de décembre 2013 est arrivé. La chambre du bébé était prête et il ne me restait rien à préparer quand j’ai enfin eu fini de travailler. J’ai décoré un peu le salon, sans trop comprendre cette soudaine envie.

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capture your grief 14/15

day 14 — dark/light
day 15 — community

light-dark

la flamme des bougies

symbole collectif
traditionnel ou réinventé
partagé

symbole d’espoir
de fragilité
de chaleur

la flamme des bougies

qui brille mieux dans le noir
qui s’y éteint plus violemment aussi
à l’image de celles et ceux qui naviguent
la mort, le souvenir, le deuil

qui apprennent
à tâtons
à avancer dans le noir
à travers les branches et les fossés

qui apprennent
à tomber
à avancer dans une mare de goudron
à ne pas asphyxier

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capture your grief 7/8

day 7 — sacred place / jour 7 — espace sacré
day 8 — ressource / day 8 — ressource

Qu’est-ce qu’un lieu, un espace sacré quand on ne croit pas? La possibilité de se rabattre sur les lieux de culte officiels serait à mes yeux un peu hypocrite. Dans la vie courante, je suis critique de l’Église. Je participe occasionnellement à des cérémonies entre ses murs par respect, amitié ou solidarité pour d’autres personnes qui choisissent d’y souligner des moments importants de leurs vies, mais je le fais avec la réserve d’une personne étrangère à ces lieux.

Il n’a jamais été question pour nous de faire baptiser Paul. À l’hôpital, malgré les offres qui nous ont été faites, nous n’avons pas non plus souhaité rencontrer un aumônier. La religion s’est taillée une petite place autour du décès de Paul par le biais de proches qui se sont tournées vers le divin pour faire face à cette mort insensée. Mais cette place est restée dans le cœur, la tête, la foi des autres. Lire la suite

le chemin parcouru

Je me revois, aux tous premiers instants où je me suis aperçue que Paul n’allait pas bien du tout. En un instant, ma vie des semaines qui venaient de s’écouler – notre vie de nouveaux parents que j’avais tellement attendue, épisode banal et merveilleux de 25 jours – prenait fin. Abruptement, mon existence a pris un virage inattendu, violent. Je me revois à l’hôpital, découvrant au compte-goutte les détails qui s’additionnaient pour tracer le portait défiguré de notre nouvelle vie de parent, une vie de parents veillant sur un bébé qui ne sortirait pas des soins intensifs, une vie de parents endeuillés, une vie de parents sans couche, sans pleurs, sans bain, sans bisous, sans odeur intoxicante de nouveau-né.

La douleur était alors tellement intense. Je me souviens de la première nuit hors de l’hôpital, après le décès de Paul. Je me revois essayer de dormir. Exténuée mais maintenue dans un état d’éveil malsain par l’impression que toute cette peine allait me tuer. J’avais mal physiquement. Au-delà de mes seins qui ne demandaient qu’à nourrir mon enfant déjà plus là, la peine me déchirait les entrailles. Je pensais mourir de cette douleur, de cette peine, de cette culpabilité. Lire la suite

l’eau et les couleurs

Lundi.

Je n’ai pas envie de reprendre le travail. Les deux jours d’arrêt ont passé trop vite, j’ai eu trop peu de temps pour Paul. La fin de semaine a déboulé, m’a chamboulée. J’ai été distraite par du beau et du déchirant. Et puis, évidemment, il n’y a pas eu de cris affamés ni de pleurs fatigués pour me rappeler à l’ordre.

Être la maman d’un bébé qui n’est plus là, c’est aussi ça… Mon emploi du temps m’appartient. Pas de tétées ni de couches ni quoi que ce soit que font les bébés de presque huit mois mais que je ne connais pas. J’ai le loisir de me consacrer au rôle de mère de mon enfant selon l’horaire qui me convient. Lire la suite

Paul and the knitting tree

At some point during the spring, as i was discovering the beautiful people and resources at Glow in the woods, i came across a call to participate to a mother’s project to honor her daughter Marlo. She was collecting squares of fabric to be included in a knitting graffiti for her daughter’s third birthday.

IMG_5062I knew right away i wanted to be a part of this creative tribute to the life of Marlo and many other lost babies. I knew because the video of the 2013 edition of the knitting tree was set to one of my favorite songs, The Be Good Tanyas’ Littlest Birds. I knew because even though i can’t knit, i feel a strong connection to knitting since i am lucky to have a expert-knitter as a grandmother.I knew because for the brief winter weeks Paul was with us, he spent a lot of time in beautiful outfits knitted with so much love by his great-grandmother and great-great-aunt, and wrapped in a blanket made by his paternal grandmother. I knew because when i was pregnant with Paul, i felt so thankful to rediscover the wool outfits that my brother and i had worn as children that were carefully preserved for our own children. I felt that somehow, all this intertwined wool was a line connecting us through time and generations… Lire la suite