se souvenir de vies trop courtes – le travail de la Fondation J’allume une étoile

Dans les jours qui ont suivi le décès de Paul, j’ai regroupé toutes les photos de lui que son papa et moi avions prises, je les ai copié sur un disque dur. Puis j’ai fait une autre sauvegarde sur une clé USB que j’ai remise à une personne en qui j’ai confiance. Pour une fois, je n’ai pas procrastiné. Dès le tout début, je savais à quel point ces images étaient précieuses.

Annick

Je suis immensément reconnaissante d’avoir partagé quatre semaines de vie et de bonheur avec Paul. Et je tiens aux photos — et aux trop rares vidéos — que nous avons captées au cours de ces semaines. Je sais que nous avons beaucoup de chance d’avoir ces images, presque comme des « preuves » de l’existence de Paul et du moments de joie intense qu’il nous a fait vivre.

Spécifiquement, je suis consciente de la chance d’avoir des photo de notre bébé en santé, heureux, à la maison… C’est beaucoup à cause de ces images que je ne me lasse pas de redécouvrir que je comprends l’immense importance des différents groupes qui offrent des services de photographie aux parents ayant perdu un bébé ou vivant leurs dernières heures avec lui ou elle.

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sac de noeuds

en attendant Paul
j’ai réfléchi à ce qu’être parent, être mère, voulait dire
j’ai imaginé l’amour, les liens indéfectibles
j’ai rêvé aux connexion que j’établirais avec d’autres parents
j’avais hâte de vivre tout ça
hâte de mettre mes attentes et mes principes à l’épreuve de la réalité

en perdant Paul
j’ai eu peur
peur du gouffre immense de la peine
peur de l’entre-deux aussi
parent-pas-parent
mère-pas-mère
peur d’avoir perdu
en plus de mon enfant
ces liens avec tous les autres
que je souhaitais tellement établir, construire
voir grandir
au rythme de nos enfants
au rythme de Paul Lire la suite

le chemin parcouru

Je me revois, aux tous premiers instants où je me suis aperçue que Paul n’allait pas bien du tout. En un instant, ma vie des semaines qui venaient de s’écouler – notre vie de nouveaux parents que j’avais tellement attendue, épisode banal et merveilleux de 25 jours – prenait fin. Abruptement, mon existence a pris un virage inattendu, violent. Je me revois à l’hôpital, découvrant au compte-goutte les détails qui s’additionnaient pour tracer le portait défiguré de notre nouvelle vie de parent, une vie de parents veillant sur un bébé qui ne sortirait pas des soins intensifs, une vie de parents endeuillés, une vie de parents sans couche, sans pleurs, sans bain, sans bisous, sans odeur intoxicante de nouveau-né.

La douleur était alors tellement intense. Je me souviens de la première nuit hors de l’hôpital, après le décès de Paul. Je me revois essayer de dormir. Exténuée mais maintenue dans un état d’éveil malsain par l’impression que toute cette peine allait me tuer. J’avais mal physiquement. Au-delà de mes seins qui ne demandaient qu’à nourrir mon enfant déjà plus là, la peine me déchirait les entrailles. Je pensais mourir de cette douleur, de cette peine, de cette culpabilité. Lire la suite