une nouvelle année

J’aime faire des bilans. Mettre par écrit ce que j’ai fait, ce que j’aurais souhaité faire, (m’)évaluer, établir des objectifs pour la suite. Je ne réalise pas toujours ces objectifs mais le processus me plait. Depuis des années, je trouve un peu de temps entre Noël et le jour de l’an pour revenir sur l’année qui se termine et réfléchir à celle qui s’amorce. Parfois, j’ai partagé ce rituel avec des amies, autour d’un feu de bois, ou encore dans cet espace, que j’occupe de moins en moins (ici ou ici, par exemple).

L’exercice me fait du bien, et pourtant, je n’ai pas su trouver le temps pour coucher mes idées sur papier avant de commencer cette nouvelle année. Depuis, j’ai l’impression d’être moins ancrée, de flotter sur le mois de janvier qui s’écoule à toute vitesse, et qui se confondra bientôt avec février et mars et avec le printemps et l’été.

Mais bien avant cela, le premier février arrivera et une nouvelle année sans Paul — la dixième — s’ouvrira.

Peut-être que c’est sur ce calendrier de deuil que je devrais marquer un moment de nouveau départ, l’illusion d’un point tournant dans le flot du temps. Je ne sais pas. Je sais que j’ai envie de m’accorder du temps avec Paul pendant ces quelques jours qui nous séparent de l’anniversaire de la fin de sa vie. Ce sera peut-être une forme de bilan, une orientation pour le futur. Ou des lettres à mon fils, comme celles que je lui écrivait il y a quelques années.

Une occasion de tracer une marque dans le courant.

du temps et des liens

Je manque de temps. C’est tellement pas original. Ni pour moi, ni pour ma génération.

débordée

Et pourtant, c’est le sentiment qui domine en moi cet automne. Je me sens débordée et essoufflée. J’aurais envie de passer plus de temps avec Aimé et Malou tout en faisant des semaines de travail à peu près complète. Je voudrais aussi du temps pour moi : pour écrire, pour lire, pour faire du sport, pour aller marcher dehors, pour accrocher les cadres qui sont encore dans des boites depuis notre déménagement début juillet. Et je voudrais du temps pour Paul. Des vrais moments pour lui.

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le temps qui court

Je suis assise dans un café à travailler quand Patrice m’envoie une photo de Malou. Bien appuyée sur ses mains, la tête relevée, les bras potelés au premier plan. J’arrive presque à sentir la douceur de ses joues, de son cou. La voir apparaître sur mon écran me remplit de bonheur et me serre le cœur. Par moments, je me demande pourquoi je suis déjà de retour au travail.

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en décalage

Cette semaine, j’ai dû recompter dans ma tête.
2015 – un an. 2016 – deux ans. 2017 – trois ans. 2018 – quatre ans.
Ce nombre me semble immense. Je n’arrive pas à réconcilier le souvenir de Paul minuscule bébé avec cet anniversaire qui se rapproche, avec Paul qui aurait dû avoir quatre ans le 4 janvier prochain. Ça me semble incongru.

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quelques textes chez Françoise Stéréo

Un nouveau numéro du magasine Françoise Stéréo était lancé hier. Il regroupe plus de vingt textes autour « du temps comme thème rassembleur, au centre d’une constellation de multiples éléments, de tranches de vie et de considérations théoriques : la famille, la gentrification, les générations, Kant, les pots Mason, la radio, le capitalisme, Harmonium, l’âge, le vieillissement, les vidanges, sky is the limit. » (vous pouvez lire le reste de l’éditorial de Laurence ici).

J’y signe un texte sur le deuil et le passage du temps, tout à fait dans la lignée de ce que je publie généralement ici.

Je n’ai pas encore eu le temps de parcourir l’ensemble des textes mais je souligne déjà ceux-ci, sur des thèmes rejoignant de près ou de loin les enjeux qui m’intéressent sur ce blogue:

  • On est rendu là, par Marie-Ève Duchesne (sur la fin de vie et les adieux)

  • Les garde-robes pleins, par Claudia Beaulieu (sur les choses qui nous restent des personnes qui s’en vont)
  • Je t’attends , par Marie-Michèle Rheault (sur le désir d’enfant, l’attente, l’impatience)

Voilà, bonne lecture!
Et n’hésitez pas à parcourir les riches archives de la revue.

pænser

Je manque de temps pour être triste.

Je me suis entendue dire ça à P. récemment.

Il ne s’était pas passé quelque chose en particulier, pas de drame devant absolument être vécu au moment où il arrive. Pas d’urgence. Simplement l’accumulation de petites tristesses, de petits vides, et la réalisation que je manque de temps pour les vivre.

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une carte postale

mon Paul,
je t’écris dans le noir du petit matin hivernal, assise dans le salon de ton arrière-grand-mère — une de tes arrière-grand-mères. Depuis notre arrivée en France, nos nuits sont agitées. Ton petit frère peine à s’ajuster aux six heures de décalage horaire qui nous séparent de notre horaire habituel. Il se tourne et se retourne et se réveille et nous réveille. On se lève tard. Les journées sont courtes, trop courtes. Elles passent à toute vitesse.

On vient de descendre de l’avion, il me semble, et pourtant la fin du voyage semble déjà se profiler, dans un après-demain hâtif.

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il y a deux ans

Matin typique, avec peut-être une once de fatigue de plus que d’habitude.
« Let’s go Aimé, laisse-moi mettre ta couche »
« Allez, ça te prend des pantalons pour aller à la garderie »
« Mange un peu, mon amour »
« Non, tu peux pas mettre tes bottes avant ton habit de neige »

Midi moins typique avec P.. En parlant de notre voyage à la Nouvelle-Orléans il y a deux ans, on se rend compte qu’on se souvient mal de ce qu’on y a fait, à part visiter des ami.e.s à moi…

Relire mes mots d’il y a deux ans me rappelle pourquoi ma mémoire est si embourbée.

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échappé(e)

Pendant des mois, j’ai écrit à peu près tous les jours. Sur Paul. À Paul. Pour Paul. Je m’installais au clavier, souvent sans avoir trop réfléchi au sens de ce que je voulais dire, encore moins aux mots qui pourraient l’exprimer. Pendant des mois, les mots ont poussé au bout de mes doigts sans que j’ai à y penser. Je me relis de temps en temps et je m’étonne de ce qui m’habitait. Il y a une marge entre me souvenir d’avoir été démolie, et lire mes pensées, telles qu’elles se sont exprimées quotidiennement.

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trop de temps

Je ne suis pas seule. Ça semble généralisé parmi les mamans « désenfantées. »

Noter les dates, essayer de rendre compte de leur importance, de leur signification. Autour de moi, dans cette communauté virtuelle qui m’entoure, chaque jour importe. Chaque jour est un anniversaire, si petit ou si grand soit-il.

Je ne suis pas seule à être surprise de l’effet que ces dates me font, de l’emprise qu’elles peuvent avoir sur ma journée. Je suis surprise aussi quand une journée possiblement difficile se passe à peu près bien. Lire la suite