Une petite note avant de commencer : ça fait quelques jours que j’ai envie d’écrire un peu sur l’organisation des groupes de soutien aux personnes endeuillées suite à ma très courte expérience avec deux groupes dont j’apprécie le travail. Mon point de vue est probablement très limité mais je me lance tout de même… J’imagine que ça sert aussi à ça un blogue.
Je travaille dans un milieu où on parle beaucoup de « passer du je au nous ». Quand j’échange avec les personnes qui viennent demander du soutien ou des ressources au groupe pour lequel je travaille, j’essaie de trouver une petite ouverture pour aborder la façon dont leurs problèmes s’inscrivent dans un cadre plus large. Dans certains cas, c’est clair pour les gens qu’il y a des causes structurelles qui sous-tendent ce qu’ils vivent. D’autres fois, ce n’est pas si simple. Dans ces cas-là, j’essaie, quand c’est possible et opportun, de planter une petite graine de cette réflexion qui me semble incontournable : les problèmes vécus par les individus s’inscrivent dans un contexte socio-culturel donné, et les « vraies » solutions à ces problèmes impliquent une remise en question de structures sociales problématiques.
Cette façon de voir les choses me guide en dehors du travail. C’est moins une déformation professionnelle qu’une raison pour laquelle je fais et j’aime ce travail. Ceci dit, je reconnais les aspects problématiques de ce type de poste, de cette professionnalisation de certains rôles dans les luttes pour plus de justice sociale. L’un d’eux est la hiérarchie qui s’installe souvent entre intervenant-e-s et participant-e-s (ou militant-e-s). Cette asymétrie s’articule parfois autour de l’argent (salariat pour l’un-e, bénévolat pour l’autre), de la reconnaissance sociale (profession pour l’un-e, demande de services pour l’autre). Parfois aussi, l’asymétrie découle de la définition même de la relation d’aide. D’un côté, l’aidant-e, de l’autre, l’aidé-e.
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