s’excuser d’écrire

Parfois, j’écris sur d’autres choses que le deuil et la parentalité.

Même si cet espace-ci est surtout dédié à ces thèmes, je vous partage un texte publié récemment qui porte sur la tendance qu’ont beaucoup de femmes à s’excuser de leurs propos, à l’oral mais aussi à l’écrit, même dans des espaces qui sont conçus pour parler de nos expériences. Il y est question de l’expression « désolée du roman », de la légitimité de la parole des femmes et des mères, et j’y recycle des lectures faites dans le cadre de ma maitrise (il faut bien que ça serve!)

Si le cœur vous en dit, c’est ici.

ps. l’image qui aurait dû accompagner le texte:

mon arbre

tendre le bras
du bout des doigts, caresser l’écorce
prendre appui sur une branche basse
me hisser tant bien que mal pour gagner de la hauteur
grimper sur cet arbre qui me rappelle les live oaks de City Park
chênes centenaires, témoins de l’histoire

il y a deux ans et demi j’écrivais
J’ai l’impression que mon arbre généalogique a été pris d’assaut par un enthousiaste de la chainsaw.

Lire la suite

pédaler

Tu pédales. Fort.

Même si tu sais qu’objectivement, les risques sont faibles, la peur t’habite alors que tu t’engages sur ce tronçon isolé de la piste cyclable. Tu prends de la vitesse pour te donner du courage. Malgré la pente, malgré tes cuisses qui commencent à brûler, tu pédales. Effrayée, le souffle court, tu pédales.

Tu n’as croisé personne depuis que tu es partie. Mais ce n’est pas la solitude qui te fait peur.

Une vie à te faire dire de faire-attention-de-pas-rentrer-seule-pas-dans-le-noir-pas-à-c’t’heure-là-c’est-dangereux, et la peur a fait son nid au creux de ta cage thoracique. Elle est chez elle maintenant.

Tu n’essaies même plus de la foutre à la porte.

Tu pédales.

 

///////

billet inspiré par le thème « effrayé.e » du projet MotsVembre

rock

Les jambes étendues devant moi, j’inspecte les motifs que le sol a créé sur mes orteils, mes pieds, mes chevilles. Quelques poils dressés portent une petite calotte de bouette, mes ongles se démarquent sur ce fond taché par la terre rougeâtre.

Ma sandale de caoutchouc a rendu l’âme tôt dans soirée, je m’étonne de m’en tirer sans une blessure de guerre pour graver en moi ces heures, ce son qui continue de m’habiter.

Le soleil me force à émerger de ma tente à effet-de-serre.
La nuit a été si longue et trop courte à la fois.

///////

billet inspiré par le thème « rock » du projet MotsVembre

insouciance (2)

perdue
vue pour la dernière fois
un matin de janvier
elle s’est sauvée
elle ne portait pas de collier

valait pas la peine d’essayer de la rattraper
c’était pas loin du boulevard Hamel
elle s’est probablement fait écraser

odeur de pneus crissant sur l’asphalte
haut-le-cœur d’une sirène stridente
artère porteuse de mauvaises nouvelles

master-virginia-vf-04

///////

image: copyright Isabelle Arsenault (source)

billet inspiré par le thème « perdu.e » du projet MotsVembre

triste ///// cachée

Il y a si peu de temps
j’aurais explosé de mille mots précipités
les phrases écrites depuis
ont emporté avec elles
ont lavé / relavé / délavé
le lexique de ma tristesse.

///////

comme une toune cachée
tu me surprends alors que je ne m’y attendais plus

 

///////

billet inspiré par les thèmes « triste » et « caché » du projet MotsVembre