Une semaine tout juste depuis son arrivée. Je baisse les yeux sur Aimé et les petits plis de son cou, sa peau de nouveau-né qui pèle un peu, ses petites mains curieuses font enfler en moi un sentiment de tendresse sans fond, mêlé d’un intense désir de protection. Dix fois, cent fois par jour et par nuit, je m’assure qu’il respire. Je pose la main sur sa cage thoracique pour en sentir les mouvements, je lui caresse la joue pour qu’il réagisse doucement, je guette les sons légers qu’il émet pendant le sommeil. Un instant, alors, je me sens rassurée. Mais par moments, je suis emportée par le savoir intime que je ne peux pas tout contrôler, ni le protéger des aléas de la vie. Par moments les larmes m’envahissent, mélange de peur et d’amour pour ce tout petit être dont nous avons la charge, de tristesse et de frustration de n’avoir rien pu faire pour protéger son grand frère de la mort.
Je suis émotive.
Ça va de soi, j’imagine.
Pourtant, depuis cinq jours, je rejoue dans ma tête les interactions que j’ai eues avec cette infirmière dont le ton donnait à ce qualificatif toutes les caractéristiques d’un diagnostic inquiétant, voire d’une insulte.
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