un peu de sens

C’est un lieu commun de dire qu’en occident, on ne sais plus trop comment vivre un deuil, et plus encore peut-être, qu’on a collectivement oublié comment agir en présence de personnes qui vivent la perte d’un être cher. Les livres de croissance personnelle et les sites web consacrés à la question sont légion : il faut bien apprendre quelque part comment être en deuil si on a pas intégré l’information de manière plus organique.

J’ai été privilégiée à cet égard. Contrairement à plusieurs parents que j’ai entendu dans des groupes de soutien ou dont j’ai lu les mots sur des blogues et forums, j’ai surtout reçu beaucoup d’écoute et de patience et d’affection suite au décès de Paul, et encore maintenant. Mais je vois bien que ça reste délicat pour plusieurs de savoir comment parler de Paul, de sa vie et de sa mort, surtout maintenant que son petit frère contribue à donner l’illusion qu’on est passés à autre chose. On m’a demandé plusieurs fois si je voulais qu’on parle de lui (oui!) et si ça me faisait de la peine d’en parler (oui, mais c’est correct) ou d’entendre des comparaisons avec Aimé (ça me fait plaisir qu’ils soient traités comme les deux frères qu’ils sont). Lire la suite

dans mon congélateur

Dans le congélateur, un petit sac de lait congelé que j’avais oublié.
Il devait être caché derrière un sac de petits pois quand j’ai rangé tous les autres contenants de lait maternel dans une glacière qu’un ami de P. a apporté à Montréal pour une maman qui en avait besoin. Depuis, j’oublie le petit sac, puis je le redécouvre. Parfois c’est un moment sans émotion, je le laisse de côté pour pouvoir trouver ce que je cherche.

Parfois la vue du petit sac me rappelle la détresse qui teinte ce lait que je ne veux pas jeter. La détresse de me réveiller au milieu de la nuit pour exprimer du lait et n’entendre que le silence, ne sentir que l’absence immense. Lire la suite