du temps et des liens

Je manque de temps. C’est tellement pas original. Ni pour moi, ni pour ma génération.

débordée

Et pourtant, c’est le sentiment qui domine en moi cet automne. Je me sens débordée et essoufflée. J’aurais envie de passer plus de temps avec Aimé et Malou tout en faisant des semaines de travail à peu près complète. Je voudrais aussi du temps pour moi : pour écrire, pour lire, pour faire du sport, pour aller marcher dehors, pour accrocher les cadres qui sont encore dans des boites depuis notre déménagement début juillet. Et je voudrais du temps pour Paul. Des vrais moments pour lui.

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dans mes oreilles

C’est un peu un running gag. À peu près chaque fois que je mentionne un fait un peu inusité pendant une conversation, je précise « j’ai entendu ça dans un podcast ». À vrai dire, depuis que j’ai découvert les podcasts, j’écoute beaucoup moins de musique. J’apprécie trop l’impression de me faire raconter une histoire pour m’endormir, ou aller faire l’épicerie, ou en chemin vers l’université. J’ai même pratiquement arrêté d’utiliser la liste de musique que j’avais construite spécifiquement pour me motiver pendant mes sorties de course, préférant maintenant jogger au rythme des récits d’une diversité de personnes et de communautés.

Dimanche, c’est l’histoire de Juniper, une petite fille née à 23 semaines et 6 jours de grossesse, qui a accompagné mes pas sur l’asphalte parsemée de sable et de sel et de neige noircie.

J’avais écouté cet épisode une première fois il y a plusieurs mois et j’étais curieuse d’entendre la mise à jour promise à la fin de l’heure.

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sur/vivre

Le soleil brille sur cette journée marquée par mon humeur pluvieuse.
Il n’y a rien de particulier qui ne va pas, que cette période de l’année, pleine de souvenirs des brèves semaines partagées avec Paul, qui se révèle difficile. Il n’y a rien qui ne va pas. Alors je m’entends répondre comme si de rien était aux « comment ça va? » qui ponctuent ma journée.

Je ne sais pas trop quoi faire pour vivre cette tristesse qui m’habite. Un petit bout de réponse se situe certainement dans l’accueil. Laisser être ces sentiments, aller à leur devant, sortir dehors pour les vivre dans l’hiver, dans le temps froid que j’associe à Paul,  les inviter à venir se réchauffer en moi. Accueillir ce qui vient, ce qui est.

Comme le dit si éloquemment Fanny Britt, à Plus on est de fous, plus on lit*, « le deuil, c’est comme le brainstorm, pas de censure permise » (écoutez son intervention ici, c’est superbe, et notamment à partir de 5:45).

Pas de censure, pas de date de péremption, pas de mode d’emploi.

Qu’une ligne de conduite très générale.
continuer à vivre / (faire) vivre les souvenirs / (sur)vivre

 

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* Merci à Sara d’avoir partagé cet extrait

deuils/décisions/validations

Ces temps-ci, j’écoute assidument The Longest Shortest Time, un podcast qui traite de questions entourant la parentalité, la grossesse, l’éducation des enfants, et les défis que tout cela présente. Dans le dernier épisode, une collaboratrice à l’émission, Joanna Solotaroff, discute de son indécision face à la possibilité d’avoir des enfants. Elle souligne à l’animatrice que tant ses frères et sœurs que sa mère sont devenus parents assez tard dans leurs vies. Au cours de l’épisode, elle discute enjeux qu’impliquent cette décision avec sa mère, de qui elle semble très proche.

C’est un épisode intéressant, qui aborde un aspect de la parentalité qui est assez peu discuté dans la sphère publique — moins que les quelques témoignages de personnes qui ne veulent pas d’enfant et beaucoup moins que le point de vue des parents (incluant le discours selon lequel une vie sans enfant est pratiquement vaine). N’ayant pas fait l’expérience d’un tel dilemme par rapport à la possibilité de devenir parent, j’ai apprécié les réflexions de Joanna Solotaroff et d’auditrices qui témoignent de leurs difficultés à faire ce choix lourd de conséquences. Mais surtout, j’ai aimé pouvoir jeter un coup d’œil à travers cette fenêtre donnant sur la relation entre une fille et sa mère.

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un peu de sens

C’est un lieu commun de dire qu’en occident, on ne sais plus trop comment vivre un deuil, et plus encore peut-être, qu’on a collectivement oublié comment agir en présence de personnes qui vivent la perte d’un être cher. Les livres de croissance personnelle et les sites web consacrés à la question sont légion : il faut bien apprendre quelque part comment être en deuil si on a pas intégré l’information de manière plus organique.

J’ai été privilégiée à cet égard. Contrairement à plusieurs parents que j’ai entendu dans des groupes de soutien ou dont j’ai lu les mots sur des blogues et forums, j’ai surtout reçu beaucoup d’écoute et de patience et d’affection suite au décès de Paul, et encore maintenant. Mais je vois bien que ça reste délicat pour plusieurs de savoir comment parler de Paul, de sa vie et de sa mort, surtout maintenant que son petit frère contribue à donner l’illusion qu’on est passés à autre chose. On m’a demandé plusieurs fois si je voulais qu’on parle de lui (oui!) et si ça me faisait de la peine d’en parler (oui, mais c’est correct) ou d’entendre des comparaisons avec Aimé (ça me fait plaisir qu’ils soient traités comme les deux frères qu’ils sont). Lire la suite