objectifs/subjectif

lampions1_FotorVendredi, P. et moi avions convié les gens qui le souhaitaient à se souvenir de Paul, six mois après son décès, en allumant une chandelle pour lui. Nous avons reçu des témoignages de soutien et d’amour et de souvenirs, de nos proches mais aussi de personnes que je ne connais que par le biais de blogues ou d’autres espaces virtuels de soutien. Dans tous les cas, merci infiniment de vous souvenir de Paul et de son passage avec nous. Merci de continuer de rendre réelle sa vie, si courte ait-elle été. Merci d’être présentes et présents pour lui et pour nous.

Les photos et les messages que nous avons reçu m’ont aidé à m’accrocher et à terminer cette semaine tellement baignée par les souvenirs des dernières journées de Paul, en janvier. Nous avons passé la semaine en sa présence, laissant des traces de lui sur notre chemin.

Samedi, nous étions inscrits à une course à pied, la même où P. et moi nous sommes rencontrés. Une course que nous aurions tous deux souhaité courir en compagnie de Paul dans sa poussette. Finalement, nous avons tout de même pris le départ, Paul avec nous par l’esprit uniquement, présent dans le paysage magnifique de l’Isle-aux-Coudres. J’ai couru en pensant à lui, en l’imaginant à sept mois, en essayant de sentir le poids qu’aurait pesé la poussette que nous avions achetée justement pour ça mais qui prend la poussière dans notre sous-sol. Lire la suite

six mois

Photo 2014-07-29 20 22 12Une demi-année à essayer de reprendre pied.

Nous passons quelques jours à camper, comme nous aurions tant souhaité le faire avec Paul. À la place, je pense à lui, au temps qui nous sépare. Il y a six mois, je sentais le sol se dérober entièrement sous mes pieds. La veille, le 29 janvier, avait commencé normalement, banalement. De la visite, des couches à changer, une bouche à nourrir, encore et encore, des bisous à donner. J’ai allaité Paul une dernière fois, sans me douter de quoi que ce soit, heureuse d’être là avec lui. Je m’apprêtais à envoyer des photos de lui et des lettres décrivant le bonheur que nous vivions de l’avoir enfin dans nos bras. Je regardais une dernière fois les photos avant de cacheter les enveloppes. Les premières photos imprimées de Paul, des images choisies parmi les centaines prises pendant ses trois premières semaines de vie. Les enveloppes seront finalement parties vers leurs destinataires une fois l’inimaginable arrivé, parce que ne pas les envoyer m’aurait semblé une insulte à la mémoire de Paul.

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répétitions/rituels

J’ai l’impression de me répéter.
De revivre maintes et maintes fois les mêmes choses, de redire encore et encore les mêmes histoires. C’était très prononcé dans les semaines qui ont suivi la mort de Paul. Éventuellement, ça s’est calmé un peu. Mais un peu seulement.

Doucement, je m’habitue à l’idée mais je continue de sentir le besoin initial de dire. Dire la vie de Paul, son départ, le vide que sa mort a créé, mon expérience de mère, avant et après son décès. Je répète. Je me répète. J’essaie de me faire à l’idée. J’essaie de saisir la situation, littéralement. J’essaie de la comprendre, de la prendre avec moi, de la rendre mienne. J’essaie de combattre le sentiment d’irréalité qui s’est imposé dès les premiers instants où j’ai su que quelque chose n’allait pas, que Paul allait mal.

À ce moment, je m’étonnais encore de la présence de Paul. J’imagine que je ne suis pas la première à avoir vécu ce sentiment surprenant. Prendre la mesure de la beauté du processus à la fois si simple et si complexe qui permet la conception. S’extasier devant la magie nécessaire pour qu’un humain en bonne et due forme pousse dans le corps d’un autre. D’une autre.
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moismiversaire

J’aime rêver à Paul. Au réveil, l’espace d’un moment, je profite de sa présence sans avoir à faire l’effort de l’imaginer. Hier, il était là avec moi, déjà un petit garçon. Tout allait bien, il ne se passait rien. Faute d’avoir nommé ou écrit tous les détails tout de suite, ils se sont estompés. Ne reste que le souvenir de la sensation, tellement agréable, que tout était à sa place. Que notre existence avait suivi le cours normal des choses, qu’elle ne s’était pas brisée un jour de janvier.

Si tout était normal, Paul aurait six mois aujourd’hui. Je me rappelle, il y a longtemps maintenant, avoir célébré les six mois d’une cousine, par une journée de fin d’été. On avait chanté une chanson inventée « Bon moismiversaire » rassemblés autour d’une table à pique-nique, sur un terrain de camping. Je ne me rappelle pas s’il y avait un gâteau, ou un autre élément qui marquait l’occasion. Je me rappelle seulement de la joie dans les paroles, de mon sourire en chantant.
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