J’ai un nouvel emploi (j’ai un autre texte qui mijote à ce sujet). Je travaille avec des gens que je ne connais pas encore, et qui ne me connaissent pas encore. Je travaille dans un bureau ouvert, avec mon ordinateur personnel. Pour faire de la place à des nouveaux logiciels, je fais du ménage dans mon ordinateur.
Mon fond d’écran depuis des mois est une photo partagée ici il y a longtemps. Mon père et moi / mon fils et moi. J’adore cette photo de Paul. Elle me rappelle le sentiment de fierté débordant vécu au moment où elle a été prise. Je me rappelle avoir été encore plus fière quand la grand-mère de Paul l’avait vue : » Il est tellement fort pour un bébé de trois semaines! » Comme si nous n’étions pas, l’une et l’autre, complètement biaisées!
J’aime ces deux images juxtaposées. Elles me parlent de filiation et d’amour et de perte et de douleur et de bonheur. Je les aime et pourtant, quelque part au milieu de la réorganisation de mon ordinateur, j’ai changé mon fond d’écran. Gênée par la perspective de devoir répondre à des questions, je les ai remplacées par une photo d’Aimé prise le printemps dernier.
Ce matin, en allumant l’ordinateur, je me rends compte que ça ne va pas, que je n’ai pas envie d’effacer cette mince trace de la vie de Paul dans mon quotidien. Je n’ai pas envie d’éviter les questions qui pourraient survenir. Je n’ai pas envie d’éviter les conversations, aussi inconfortables puissent-elles être.
Ce matin, j’ai bricolé un nouveau fond d’écran. Les photos de Paul et d’Aimé sont côte à côte, faute d’avoir une photo où ils apparaîtraient tous les deux.
Joli petit Paul, tu es, pour toujours, dans le coeur de ta maman.