Il y a neuf ans presque exactement, nous quittions le CHUL sans Paul. Nous passions les portes coulissantes de l’hôpital pour mettre le pied dans cette vie sans lui dont nous ne voulions rien et que nous allions devoir apprivoiser.
Il y a eu des journée d’errance, de solitude malgré toute la sollicitude qui nous enveloppait. Des semaines de douleur si profonde que ça me coupait le souffle. Des mois de deuil, à avancer mais pas que, dans une sorte de goudron où je m’empêtrais parfois. Des moments de lumière, des rires, des escapades, des pleurs partagés, l’amour, le bonheur inquiet de porter la vie à nouveau.
Et puis les enfants qui ont pris leur place dans notre famille, autour de l’empreinte laissée par le passage de Paul. Aimé qui a fait des dessins et fabriqué des souvenirs pour son frère, qui a tenté de trouver des réponses à ses grandes questions d’enfant face à un événement si incompréhensible. Malou qui pointe du doigt la main de Paul tatouée sur mon bras et qui annonce, de sa voix un peu rauque : « main! ». « C’est la main de qui? » « Pauw! »
Il y a neuf ans que Paul n’est plus là. Tant de choses ont changé pendant ces neuf années, et pourtant si peu. Le souvenir de Paul reste fixé dans le temps. La famille a grandi autour de lui, ma vie s’est remplie et complexifiée. La douleur s’est atténuée, elle a perdu l’omniprésence des premières années.
Mais Paul reste là, au coeur de ce que je suis.

Typhaine, merci de relier pour toi et pour nous tous les fils du temps, de la douleur et de l’amour
Bon jour de maintenant