avant Paul
l’attente
avant l’attente
l’absence
une absence que l’on ignore
parce qu’elle précède toute présence
après Paul
l’absence
mais surtout
le manque
constant
étouffant
chaque jour rappelle
ce qui devrait être
ce qui n’est plus
ce qui ne sera pas
les nuits ininterrompues
les matins sans couche, sans pleurs, sans jeu, sans histoire
les repas en amoureux, entre ami-e-s
sans distraction
la planification d’un voyage
autour des limites qu’impose la grossesse
plutôt que celles
que dicte un bébé
les photographies
statiques
inchangées
d’un bébé
silencieux
suspendu dans le temps
et cette impression
d’être suspendue moi aussi
entre-deux-bébés
malgré moi
malgré mes intentions
malgré mes souhaits
le manque
qui occupe
qui enfle
qui bout
qui déborde
qui envahit mon être
tu me manques Paul
tu manques à ma vie
à ce que je suis
à celle que je veux être