En fin de matinée, Aimé est bien éveillé. Il fixe, pour la première fois il me semble, les branches d’arbre installées près du fauteuil dans lequel je l’allaite le plus souvent. Une lampe les éclaire, c’est probablement la lumière qui attire son regard. Mais il fixe et il fixe, pendant plusieurs minutes, la tête tournée fermement dans leur direction.
Je me rappelle le jour où j’ai marché dans la neige avec ma cousine à la recherche de ces branches. Nous avons exploré les bois derrière chez ma tante, à la recherche des branches qui donneraient vie à l’idée que nous avions. Après trois-quart d’heure peut-être, nous les avons repérées. Elles étaient déjà au sol, bien fournies, et arborant de nombreux bourgeons. Nous les avons traînées jusqu’à la voiture, puis enserrées dans avec de la corde pour les fixer au toit de l’auto.
Quelques jours plus tard, exactement deux semaines après la mort de Paul, nous les avons libérées de ces liens pour les installer dans la grande salle où nous avons tenu une célébration pour Paul. P. et moi souhaitions organiser un moment pour partager notre peine et célébrer la vie si courte de Paul. Nous voulions créer un espace de partage, et briser le silence qui aurait pu s’installer autour de son décès tellement incompréhensible. Ne voulant pas d’une cérémonie religieuse, nous avons inventé ce dont nous avions besoin, avec l’aide de plusieurs personnes autour de nous.
Les branches, cueillies dans la forêt que nous voulions tant faire découvrir à Paul, ont participé à créer un espace à notre image, à l’image de notre petit marcassin. Vers la fin de la célébration, nous avons invité les personnes présentes à écrire un petit mot pour Paul et à le déposer dans les branches d’arbres. Après quelques minutes, elles se sont retrouvées recouvertes de petits papiers soigneusement pliés, rappelant des petits oiseaux hivernaux. Messages d’amour et d’affection, messages de douleur, de tendresse et de promesses.
L’une des branches est dorénavant installée chez nous et décorée de plusieurs de ces petits mots pour Paul. Elle fait partie du décor maintenant. Mais ce matin, en voyant Aimé la fixer avec autant d’intensité, elle m’a donné envie de lui parler de son grand frère. Je ne sais pas encore quoi lui dire, quoi partager pour lui parler de Paul sans parler que de sa mort.
J’ai chuchoté à l’oreille d’Aimé. Je lui ai raconté tout bas que plein de gens avaient rencontré son grand-petit frère. Et que même ceux qui n’avaient pas eu cette chance avaient eu envie de l’accompagner de leurs mots…
Je lui ai dit la noirceur laissée par l’absence de Paul. Et la lumière de leurs vies.
Celle de Paul. Celle d’Aimé.
Mes bébés-lumière…
On s’en souvient très bien.
Frères, sœurs, des vies intimement liées, quelles que soient les circonstances ou le temps passé ensemble .. Personne n’est plus proche d’Aimé que son frère.
It is never the brotherhood we would planned for our children, but it will have to do. I’m glad you are beginning early. I believe the innocence of curiosity, and your not shying from it, will help to weave Paul’s existence into Aime’s life in the most natural way.
i truly hope you are right, and that Aimé will grow up knowing Paul, and knowing how important he is in our family…
Ping : entouré de lumière | le marcassin envolé