parent(hèse)s

IMG_3779Le mois de janvier s’est terminé. Comme une parenthèse qui se referme. 31 jours avec toujours quelque part derrière la tête, ces journées partagées avec Paul il y a deux ans.

Celles avant même sa naissance, alors qu’il était tellement près mais pas tout à fait prêt. Ces heures longues et courtes à la fois, où sa présence dans mon ventre, dans mon corps, était objectivement la même que pendant les semaines précédentes, mais subjectivement complètement différente : nous étions sur le point de le rencontrer.

Celles après sa naissance surtout. Ces heures passées en suspension dans le temps, alors que les nuits et les jours trop courts de janvier s’entremêlaient, indistincts. Ces moments passés à découvrir Paul, à le nourrir, à le bercer. Moments d’apprivoisement, d’incrédulité, de bonheur.

Les jours de quotidien, de banal, de début de vie de famille. Les siestes de Paul sur le ventre de son père, ou dans mes bras, calé sur le coussin de sarrasin. Les sorties, les visites, les photos, les petits riens.

Puis les trois derniers jours du mois. Passage d’une normalité nouvelle mais déjà familière au gouffre sans issue de l’inconnu, des soins intensifs, de l’inquiétude, de la culpabilité et des mauvaises nouvelles baignant dans l’odeur d’alcool à friction.

Et enfin le premier jour de février. Comme si la mort de Paul n’avait pas pu cohabiter avec un mois de janvier si plein de vie et de découvertes. Le premier, qui clôt ce mois entre parenthèses.

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Hier, nous avons centré notre journée autour de Paul. Nous sommes retourné voir son arbre, décoré par sa famille (de sang et de choix) l’année dernière.

Le superbe drapeau fait par sa grand-mère était encore bien visible, annonçant de loin, en quatre lettres, que ce bouleau est différent de tous les arbres qui l’entourent. Le joli canot de bois accroché l’an passé était tombé et enseveli par la neige. En creusant autour du pied de l’arbre à sa recherche, on a découvert un bout de vie verte, se préparant déjà pour des lendemains printaniers, et finalement, grâce à la persévérance de mon frère, le canot de bois transformé par les éléments. On l’a remis dans son arbre et il veille maintenant sur les autres trésors colorés qui rappellent la présence de Paul.

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Tu étais avec nous hier, petit Paul
Dans la montée
Dans la neige
Dans le ciel
Autour du feu
Autour de nous
Parmi nous

toujours.

11 réflexions au sujet de « parent(hèse)s »

  1. Salut à toi Paul !
    Bizarre à dire mais ma grande soeur morte à 3 jours, que je n’ai donc jamais connue, à été chaleureusement importante à un moment de ma vie d’enfant.
    Absente et toujours là quand même. Je ne crois en rien de surnaturel.
    Simplement elle existe pour d’autres, comme toi aussi, de cette façon si étrange.
    Et un GRAND coucou de février aux chanceux qui sont vivants !

    • Merci AnOuK de partager ce point de vue qu’on connait peu. J’espère trouver la manière de rendre Paul présent dans la vie de son petit frère. Merci de me confirmer que c’est possible…

      • Bonsoir,
        je pourrai développer si vous voulez, en dire plus sur cette « drôle de place ».
        Mais je ne veux pas charger votre espace. Par mail peut être.
        chaleureusement.

  2. Le rituel de l’arbre est très touchant et spirituellement très inspirant pour rendre visible l’invisible. Mes pensées sont avec vous en ce début de février.

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