partager

mon amour,

Est-ce que je t’ai déjà raconté que ton frère est un peu compliqué à endormir? Ce n’est pas un de ces bébés dont j’entends parler, que l’on pose pour qu’il s’endorme tout seul. Pour arriver à le coucher, il faut souvent le bercer, le promener en poussette ou en porte-bébé, ou l’allaiter. Ou un mélange de tout ça. Parfois, je rajoute à ce mode d’emploi inexact des bruits de pluie qui tombe, ou alors je lui parle doucement, pour l’encourager à céder enfin au sommeil. Ce soir, après lui avoir chuchoté de se relaxer, de laisser ses paupières fermées, de détendre ses muscles, de dormir jusqu’à demain, j’ai essayé autre chose.

Je lui ai murmuré que j’avais besoin de temps pour toi. Je lui ai expliqué que si tu avais été là, si vous aviez été là tous les deux, il aurait eu à partager. Il y aurait eu du temps pour lui, et du temps pour toi. Et du temps pour vous deux aussi. Et plein d’autres choses à partager — peut-être que vous auriez dormi dans la même chambre déjà…

Alors je lui ai demandé à voix basse de me laisser un peu de temps pour être là pour toi ce soir.
Ce soir encore plus que les autres soirs.

J’ai beaucoup pensé à toi aujourd’hui. 1er août. Deux années et demi nous séparent maintenant de ton départ. Trente mois. Trente fois plus long que le temps que nous avons partagé avec toi. Ça me semble vertigineux. Ça a passé si vite et si lentement à la fois.

J’ai besoin de temps pour toi ce soir.
J’ai besoin de te dire que je pense toujours à toi même si ma façon de te porter près de moi a changé au fil des mois. C’est plus doux maintenant, moins cassant, mais tu es bien là, près de moi. Tu es là dans cet espace entre ton père et moi, entre ton frère et moi. Cet espace juste de la bonne taille entre nos corps assoupis au cœur de l’après-midi.

J’ai besoin de te dire que je t’aime toujours autant.

J’avais besoin de temps pour toi ce soir.

J’ai demandé tout doucement à ton frère de m’accorder ces moments. Et lentement, j’ai senti sa respiration se calmer, s’approfondir. Ses muscles se sont relâchés. Il s’est endormi. Comme si tranquillement, il apprenait à partager.

01

tu étais là à la plage. et hier aussi. et aujourd’hui.
je t’aime mon petit marcassin.

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