Au fil des textes écrits par des parents endeuillés et des rencontres de groupes de soutien, je découvre qu’il n’y a pas que ma grand-mère qui croit que les personnes décédées envoient des signes. Qu’elles nous protègent. Qu’elles nous parlent.
J’entends certains parents parler des signes envoyés par leur enfant décédé et une part de moi aimerait y croire. Une part de moi voudrait voir les petits événements de la vie qui me rappellent Paul comme des signes de lui, littéralement. Évidemment, je croise sur mon chemin plein de signes de la présence de Paul. Il est constamment avec moi, en moi, alors je comprends les moments qui se démarquent du quotidien à la lumière de ma relation avec Paul, en fonction de son absence.
Il y a quelques semaines, une escapade dans le Bas-du-fleuve, une parenthèse imprévue dans la routine. Presque arrivées à notre destination, au bord de la route, un renard nous regarde passer. Le lieu est magnifique et rempli de sens. Au cœur d’une cartographie imaginaire qui trace mon chemin improbable de ces dernières années.
À quelques centaines de mètres, un camping où P. et moi nous avons campé ensemble pour la toute première fois, si tard dans la saison que nous avions tous les terrains, les sentiers et les batures du fleuve rien que pour nous.
Tout près aussi, cet atelier que nous avons visité par une froide journée de février, pour aller récupérer l’urne qui devait accueillir les cendres de Paul. Un contenant crève-coeur fabriqué par une femme qui elle aussi avait perdu un petit, qui elle aussi avait senti l’importance de lui offrir une maison de bois, magnifique, chaleureuse.
En ces lieux, soudain, le renard. Calme. Il nous suit des yeux, je crois, avec une attitude plus proche du chien apprivoisé que de la bête sauvage.
Le renard qu’on avait vu, avant l’arrivée de Paul, comme un animal qui représentait bien la petite bête qui allait se joindre à nos vies. Qui habitait le monde imaginaire et imagé dans lequel je campais mon enfant à naitre. Un univers que j’avais hâte de lui partager.
Finalement, c’est une autre petite bête des bois qui s’est lovée dans notre famille.
Faute de pouvoir croiser un marcassin au bord du chemin, je pourrais certainement interpréter le renard du Kamouraska comme un signe. J’ai voulu y voir la présence de Paul. Peut-être que cette histoire de signes, d’apparitions, de « présence » n’est en fait qu’une question sémantique? Peut-être que quand d’autres disent qu’il sentent ou qu’elles voient leur enfant ici ou là, ils ou elles décrivent exactement cela? Seulement cela?
Je veux voir Paul, le sentir. Je voudrais vivre avec l’idée réconfortante qu’il est bien, qu’il est là où il devrait être. J’aime me laisser bercer par les images de Paul dans les étoiles, de Paul qui cabriole dans les nuages, de l’échelle qui s’étire pour le rejoindre, lien indéfectible entre nous et lui.
Et pourtant, au fond de moi, je doute.
Dans les moments plus sereins, c’est un doute porteur d’images douces, où par la seule volonté de mon esprit, j’arrive à offrir à Paul l’environnement accueillant et créatif que je voulais qu’il connaisse ici, avec nous. Je fais le choix de ne pas reléguer mon tout petit bébé à un lieu sombre et froid, ou pire, à un non-lieu.
D’autres fois, c’est ce doute buté qui me fait grincer des dents quand une personne bien intentionnée essaie de me rassurer en me disant que Paul veille sur moi d’où il est. Je ne veux pas de cette présence, je ne veux pas d’un ange gardien. Je veux veiller sur mon bébé, prendre soin de lui. Imaginer avec lui un monde de renards, d’herbes hautes, d’aventures et de vent chaud. Je veux le parcourir avec lui. Qu’il me guide dans son monde inventé, qu’il me dise ce que lui voit, dans tous ces signes qui parsèment notre chemin.
Illustration : Jane, le renard & moi, par Isabelle Arsenault.
The fox story is precious, and I am thankful, for you, that you see a fraction of Paul that way. I wish I had a more definitive opinion on signs, symbols,… the suspected presence of Zachary’s spirit, in my life. There have been several points in time that I have been tempted to see something as a sign of Zachary. But then, I doubt. I suppose I’m cynical. And I wonder why I should be satisfied with a random observed sign when what I want (Zachary!) is still dead. Or, why God would single me out for a sign, of all things, but neglect to do the bigger thing and save the life of my son.
In the deepest part of my heart, I do believe that Zachary is in heaven (not the fairy tale heaven that popular culture seems to believe in….where human children instantly turn into angels upon death. But rather, the real, biblical heaven). A non-place, after death, I just can’t believe is possible. Of course, I respect everyone’s perspective – when you have a deceased child, you are forced to examine this in a way you might never have otherwise…
I don’t know how my post translated to english… i am so unsure and confused on that topic that i suspect the end result is also unclear.
I feel the same way about how unsatisfying « signs » remain in comparison to the loss… I have been more curious and open-minded about these things recently since i have come in contact with many people who find great comfort in the signs they encounter in their daily lives, and which, they believe come from their children (more or less literally). I have been wondering if, in my initial lack of interest/belief, i am able to listen correctly to what they’re saying. I wonder if i am doing justice to their experiences.
Telling the fox story is a way to explore what these « signs » are and might mean for me and for other parents looking for a way to comprehend the death of their child. And i think for me, in this case, it is about giving myself that space to give meaning to what is most likely a random occurrence… (perhaps because it seems more feasible right now than to grapple with the idea of a « non-place »).
(I do not think i am any less confused now…)