Depuis le début du mois, j’ai suivi à peu près assidument les thèmes suggérés par le projet Capture Your Grief. Écrire et illustrer le deuil, mon deuil, en partant de sujet proposés par quelqu’une d’autre est intéressant, je trouve. Ça me permet d’explorer des éléments du deuil auquel je n’aurais pas pensé et surtout, ça me permet de participer à une conversation avec d’autres femmes qui font face au deuil périnatal, par billets de blogues interposés.
Je m’apprêtais à continuer aujourd’hui
day 11 — altar / day 12 music
Je réfléchissais. Quelle musique m’accompagne? Quelle musique me fait penser à Paul? J’en ai déjà parlé un peu, et je n’arrivais pas à trouver quelque chose d’original, de pertinent, à ajouter. Parler de musique, ça me semble difficile, trop immatériel et méconnu pour trouver les bons mots.
Et puis ce thème. Altar. Autel. Encore une fois, une porte ouverte pour réfléchir à la création de rituels. Une invitation à partager l’espace dédié plus spécifiquement à Paul dans notre maison. J’ai pris la photo. J’ai fait quelques essais pour que tous les éléments soient clairs malgré la lumière déficiente. Depuis hier, je me suis demandé ce que j’allais écrire à ce sujet. Décrire les objets choisis méticuleusement en pensant à Paul? Raconter l’histoire des souvenirs collectés pendant notre voyage en Colombie, pour essayer de faire face à la douleur de voyager à deux au lieu d’être à la maison avec notre enfant?
J’hésitais. J’avais un certain malaise à partager cet espace intime. Malaise aussi, par rapport à l’existence même de cet autel. Au contrôle absolu que j’ai sur l’arrangement de ces objets. Je prends soin de cet espace immobile faute de pouvoir prendre soin de mon fils, mais contrairement à ce qui devrait être, ma petite étagère change très lentement au fil du temps.
Ce matin, c’était le premier anniversaire de F., le cousin de Paul. C’est maintenant un petit garçon joufflu et rieur, qui esquisse ses premiers pas. Il sait jouer et imiter des sons d’animaux. Il me semble que hier encore, c’était un tout petit bébé que je l’adossais contre mon ventre étiré par huit mois de grossesse pour lui raconter des secrets, lui dire à quel point j’avais hâte qu’il rencontre son cousin. Hier aussi, que je le revoyais, juste après la naissance de Paul, alors qu’il avait un peu plus de trois mois. Il m’avait paru énorme, et je m’étais fait la réflexion que bientôt, notre bébé à nous aussi serait aussi grand et gros.
Pendant près d’un an, nous avons imaginé que ces deux enfants ainsi que leur cousine née quelques mois plus tôt allaient grandir ensemble. À la place, F. joue pour moi, depuis février dernier, le rôle de métronome qui bat la mesure des mois qui passent sans Paul. Le premier anniversaire est passé, viendront le premier noël, les premières glissades, les premiers sauts dans l’eau, l’entrée en maternelle… que sais-je encore? Le temps continuera sa course, les changements continueront de s’opérer, les bébés n’en seront plus.
Immobilisé dans l’image de ces photos de nouveau-né.
Petit, toujours.
tu trouves toujours des mots magnifiques pour décrire ce que tu vis, mais aussi ce que l’on vit parce que malgré les différences les deuils se ressemble.
Julie,
Je suis contente (faute d’un meilleur terme), si tu te retrouves là-dedans. Des fois, j’ai l’impression de ne pas m’y retrouver moi-même, et ça me fait du bien de lire les mots d’autres parents en deuil…
It’s so difficult to witness the relentless growth and development of children we thought would be our child’s playmate.
I imagine the spaces dedicated to Paul, in your home, are exactly as you (and P) need them to be. And, I understand your need to keep them private.
I think of you and Paul often. Hugs.
Thank you, Gretchen.
It is hard, indeed, seeing new babies being born, others growing… I didn’t expect it to hit me so hard yesterday but it turned out to be really painful.
thinking of you and your boys as well. xo