Je croyais que j’allais accoucher en avance. Ou je me faisais croire ça pour passer à travers les interminables dernières semaines de grossesse.
Je croyais que mon bébé aurait quatre mois au début septembre. Ou je me faisais croire ça pour me sentir mieux par rapport à mon choix de le laisser avec son papa pendant que je reprendrais des études à temps plein.
Je crois que je n’ai pas vraiment la personnalité pour être une maman à la maison. J’aime trop voir des adultes, discuter, réfléchir, organiser. Je trouve difficile de faire la même chose jour après jour, de suivre une routine bien établie. Je continue de croire ça comme une vérité générale. Mais ce n’est pas la vérité qui m’habite en ce moment. En ce moment, j’ai de la misère à m’endormir le soir parce que j’angoisse à l’idée de passer trois ou quatre heures d’affilée loin d’Aimé. En ce moment, je trouve que c’est tout petit, trois mois et demi, pour être loin de sa maman, même pour quelques heures.
J’ai absolument confiance que son P. va s’occuper d’Aimé parfaitement. Je sais que je passerai quand même plus de temps avec lui, avec eux, que si je retournais au travail à temps plein. J’ai hâte d’être à l’école, ça fait cinq ans que je sens la démangeaison à chaque rentrée scolaire. J’ai hâte de m’enrichir de savoirs et de lectures et de débats. J’ai hâte d’écrire plus et de le faire dans un contexte plus contraignant, me forçant à assembler des idées et façonner les mots de manière rigoureuse et, idéalement, créative. Mais je n’arrive pas à concilier ces faits et ces souhaits avec mon impression que je vais abandonner mon si petit bébé.
L’été a passé vite, la rentrée arrive sans que je l’aie vue venir et je n’ai pas encore essayé une seule fois d’être séparée d’Aimé pendant la durée d’un cours. Demain, j’ai prévu une première pratique. Je vais aller manger avec une amie et laisser Aimé avec P. Mais même la perspective d’un repas de sushis en excellente compagnie ne réussit pas à me tenter assez pour partir le cœur léger.
Je veux tellement qu’Aimé soit entouré d’amour, qu’il sache avec certitude que ses deux parents sont là pour lui, que j’ai peur d’arriver à ce moment où je ne serai plus aussi disponible pour répondre à ses besoins, qu’ils soient alimentaires ou affectifs. Je suis consciente du privilège que nous avons eu d’être deux parents à la maison (ou presque) pendant trois mois. Je sais que mon retour à l’école est immensément facilité par le fait que P. sera en congé parental pendant plusieurs mois. Je suis contente de cet arrangement que nous avons le luxe d’établir. À plus long terme, je veux qu’Aimé sache que ça se peut, des papas à la maison et des parcours scolaires non-linéaires.
Mais en attendant, je vais m’ennuyer de mon bébé, de ses cuisses dodues, de son odeur de lait, de ses petites mains qui s’accrochent si fort, de ses yeux qui découvrent la vie.
Aaaaah c’est facile pour personne, je pense… Et l’angoisse, c’est tellement difficile à gérer! Mais on peut dire que tu le fais pour Aimé aussi, pour qu’il ait une mère qui fait ce qu’elle aime et qui accomplit des choses dont elle est fière! C’est ce qui te convient à toi, en ce moment! Et si jamais tu te rends compte que ça ne te convient pas, tu peux toujours arrêter ou changer des éléments… Ce n’est pas un absolu! Mais tu as l’air bien enthousiaste à l’égard de ces études, alors ça m’étonnerait! 🙂
Oui, il faut que je me rappelle régulièrement que c’est pas des plans coulés dans le béton, que je peux changer des éléments. Et peut-être que le besoin ne s’en fera pas sentir après tout (parce que oui! je suis enthousiaste!)
Courage et câlins a répétitions ça aide…
Moi c’est pour lundi aussi… Et tu as raison 3 mois et demi c’est trop petit…
Ce qui est dur ici c’est l’allaitement qui est moins exclusif…
Oui, j’ai hâte de voir comment ça va aller pour l’allaitement. Plusieurs mamans m’ont dit que leurs bébés les attendaient pour boire plus à leur retour… On verra bien si Aimé est patient.
Bon courage à toi aussi pour la rentrée!
From experience, and I hope the same will be true for you, I think the anticipation and scrutiny of what is to come with the new routine is « worse » than the actual experience. I hope you will be surprised and elated to come home to Aime and P, still thriving, while you are working on other important things. Hopefully it will become more mundane over time.
Of course, the sudden and horrific and unexpected loss of Paul plays deeply into your complex emotions. Maybe think to repeat to yourself that it is ok, it is expected, after what you’ve been through, to have more significant anxiety and apprehension, than a non-bereaved parent. It doesn’t mean you are doing the wrong thing. And as Sara says, you can always change course if you find you cannot manage.
Regardless, you are an absolutely beautiful writer and I wish the best for you as you look forward to more schooling.
Love to you, P, Paul and Aime.
Thank you so much Gretchen. I do need to repeat to myself that it’s ok for it to be difficult. Sometimes I think that I should just abandon my schooling plans to stay at home with Aimé as long as I can, so that if something happens to him, i will have spent as much time as possible with him — and then I remember that i can’t let my fear of losing him completely control my life…