deux ans

Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Paul. Il aurait dû avoir deux ans.

Depuis samedi, on revit les heures qui ont précédé son arrivée dans le monde.

La naissance de Paul a été longue. La grossesse qui l’a précédée aussi. Même si je n’ai dépassé le terme que de quelques jours, ces jours avaient été tellement inconfortables qu’ils m’avaient semblé interminables. Du 30 décembre, date prévue de mon accouchement, jusqu’au 2 janvier, les minutes s’égrenaient, ma tension montait, physiquement et mentalement.

Puis, le 2 janvier, les premiers signes de l’accouchement qui se préparait se sont enfin manifestés. J’ai perdu mes eaux, faisant dire à ma sage-femmes les mots que j’avais tellement hâte d’entendre :

vous allez bientôt rencontrer votre bébé

Le matin du 3, après une nuit à encourager les timides contractions qui faisaient des vagues dans mon ventre, nous sommes rentrés à la maison de naissance. 24 heures plus tard, toujours pas de bébé, et mon travail s’était arrêté, nous obligeant éventuellement à transférer à l’hôpital, pour une épidurale et un cocktail d’hormones. À la fin de cette longue journée sans progrès, c’est finalement une césarienne qui allait nous permettre de rencontrer ce bébé tant attendu.

Me souvenir de la naissance de Paul, c’est irrémédiablement me souvenir de tous les détails banals et techniques de sa venue au monde. Mais brodés sur le ruban des centimètres dilatés et des minutes écoulées, il y a aussi des déferlements d’émotions. Les moments de détermination pour faire face à la douleur, poussée par le désir de connaître enfin mon bébé, les moments de peur écrasante et de déception mal camouflée, la naissance, où j’ai entrevu mon bébé à travers le brouillard de l’anesthésie, et cet instant, enfin, où mon cœur s’est emballé, où j’ai rencontré Paul pour la première fois. Pour vrai.

On était presque le 5 janvier déjà. J’étais épuisée, enflée, remuée, impatiente. On venait de me transférer de la salle de réveil à ma chambre. P. est parti voir Paul à la pouponnière et vérifier quand il allait pouvoir me rejoindre. J’avais peur d’attendre encore longtemps. Après seulement quelques minutes, P. est apparu dans l’embrasure de la porte. Dans ses bras, emmailloté dans une couverture d’un vert presque blanc, Paul.

Il l’a posé dans mes bras, et je l’ai vu vraiment. Mon bébé.

Rapidement, je l’ai déshabillé pour pouvoir faire sa connaissance, le découvrir, le nourrir. J’ai collé son petit corps chaud et souple contre le mien. Quelques jours après la naissance, c’est en ces mots que je décrivais cette rencontre dans le cahier destiné à Paul:

J’avais un peu peur que tu ne me reconnaisses pas mais tu étais plein de confiance en arrivant dans mes bras et en prenant le sein.

Mon petit marcassin plein de vie. Tu me manques tellement.
Je donnerais tant pour pouvoir continuer de te découvrir, de te nourrir, de développer cette confiance mutuelle entre nous.

Je t’aime.

Version 2

10 réflexions au sujet de « deux ans »

  1. Je te serre contre mon coeur en cette journée si difficile…Je comprends ton manque pour le vivre également au quotidien…J’aime tes écrits, ils résonnent très fort en moi…Je pense à ton petit Paul de toutes mes forces et de tout mon coeur…

  2. So precious, your little man Paul. I loved your description of your first real moments together, skin to skin, as mother and son. I am so desperately sorry he is not here with you today, on his second birthday, with a wish for his favorite food today, with a smile, elation in his eyes, at some gift presented him by you and P. I know you love and miss him deeply. I am holding all of you in my heart today, and honoring the beauty Paul’s existence brought into your life.

    • Thank you so much Gretchen. It means a lot to me that Paul is remembered beyond our family, that he lives in within the minds of many. Also, your comment makes me wonder what his favorite foods might have been…

  3. Ping : parent(hèse)s | le marcassin envolé

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