mon Paul,
Il y a des instants où je pense à toi avec sérénité, d’autres où la tristesse prend le dessus, et la colère parfois. Il y a des rappels inattendus de ta vie dans mon quotidien, et d’autres plus convenus. Normaux, presque.
Comme ton frère qui dort, le corps dans un abandon total, les lèvres entrouvertes. Dans ces moments vos visages se confondent dans mon esprit, bébés emmitouflés en ces mois hivernaux. L’été dernier, ton papa disait à la blague à Aimé qu’il allait être surpris quand le temps froid allait revenir, lui qui ne connaissait le Québec que comme un climat « tropical ».
Toi, tu n’as connu que le froid mordant de janvier.
Et puis il y a ces moments pas particulièrement surprenants, ces moments auxquels je devrais m’attendre, mais qui n’en sont pas moins douloureux.
Tous ces moments où, à travers ton frère, je vois
tout ce que tu manques
tout ce que je manque
à quel point tu me manques.
Toutes les découvertes que tu ne fais pas
que tu ne feras pas
tout ce que je ne découvrirai jamais de toi.
Tu me manques mon petit marcassin.
Je t’aime.
ta maman,
toujours.