un vendredi

Les derniers jours ont passé vite. Aimé est retourné à la garderie après deux semaines de congé. Patrice au travail, j’ai passé la semaine à tenter préparer l’arrivée de bébé d’été (ou « bébé Rue », son surnom officiel).

Je suis en congé et ça me fait du bien, mais j’ai l’impression d’avoir manqué de temps pour vraiment me préparer. Du côté matériel et logistique, les cinq derniers jours ont permis de cocher les items les plus important de la liste. Bébé Rue a maintenant un lit, un siège d’auto, des vêtements à peu près triés, des couches et même des petites lingettes lavables faites maison. Il ne nous manque rien de trop important, on a hâte de l’accueillir parmi nous.

Pourtant, j’ai l’impression de ne pas être tout à fait prête, de ne pas avoir assez priorisé ma préparation mentale en vue de l’accouchement — une césarienne planifiée qui me stresse pas mal. Au-delà de l’accouchement lui-même, j’évite de trop m’imaginer comment se dérouleront les premiers jours de Rue. J’ai peur de me faire un scénario trop optimiste et qu’il soit chamboulé, mais je ne pense pas que ce soit plus stratégique de me préparer au pire non plus. Alors que les mots « si tout va bien » ont marqué les mois précédant la naissance d’Aimé, ce sont maintenant les « on verra » qui rythment mes pensées.

On verra. On saura. On s’adaptera. Éventuellement.

La plupart des jours, ça va, je me sens plutôt optimiste. Depuis que j’ai arrêté de travailler, je me sens moins affectée par les défis que me pose la grossesse (fatigue, rétention d’eau et autres inconforts physique, difficultés à me concentrer…). J’ai le luxe de prendre soin de moi, de faire la sieste, de me rafraichir les pieds dans les jeux d’eau du quartier et d’ailleurs pendant qu’Aimé s’amuse sous les jets d’eau froide. On a passé plusieurs jours hors de la ville trop chaude.

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Et puis selon toutes les indications disponibles, bébé Rue va bien, son cœur est en forme et elle grandit comme prévu — voire un peu plus!

Ça va.
Ça va aller.

Pourtant, j’ai des moments de tristesse, d’épuisement, de je ne sais trop quoi.
Des moments où je me retrouve étourdie par une peine que je comprends difficilement parce que sa source est diffuse, lointaine, faite d’absence et de regrets.

Hier, après une matinée tranquille à enfin prendre le temps de me préparer activement à mon accouchement, après un petit diner passé à discuter avec une amie que je vois rarement, après un après-midi à bricoler les susmentionnées lingettes lavables avec elle, j’ai sombré dans un de ces moments sans trop comprendre pourquoi.

Trop de fatigue, trop de chaleur, trop je sais pas quoi. Trop de tristesse confuse, trop de choses qui me font de la peine, qui m’inquiètent. La fin de journée a été difficile.

Après beaucoup de tergiversations, j’ai choisi de ne pas aller à un spectacle auquel j’avais prévu assister. J’ai essayé de ne pas regretter ma décision en voyant les photos partagées par mes amies sur Facebook (c’est pas tous les soirs que Cyndi Lauper et Lorde sont en ville!). J’ai décidé d’en profiter pour écouter Nanette, one-woman-show par l’humoriste féministe Hannah Gadsby, dont j’entendais parler depuis plusieurs jours. Je me disais que ça me ferait du bien de rire. J’ai fini en larmes — le spectacle est drôle mais aussi intensément douloureux*.

J’ai été me coucher en tentant de me convaincre que ça irait mieux après une nuit de sommeil.

Je n’ai pas de petit ruban pour emballer cette histoire, je ne sais pas trop comment terminer, puisqu’il ne s’est rien passé, vraiment.

Il pleut un peu ce matin et ça me fait du bien.

 

 

* Pour en savoir plus sur Nanette, c’est disponible sur Netflix. Autrement : une liste d’articles sur le sujet compilée par le New York Times ici, et une critique en français ici.

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