mon tout petit Paul,
Pendant tes derniers moments, dans cette salle d’hôpital — on ne peut vraiment pas parler d’une chambre — je t’ai fait tellement de promesses. Je t’ai juré de ne jamais t’oublier, et de t’aimer jusqu’à la fin de ma vie. Chaque jour, je tiens et je trahis ces promesses simultanément.
Quand je t’ai dit tout ça, au creux de l’oreille même si je savais que tu ne m’entendais déjà plus, j’avais un doute sérieux sur ma capacité à survivre sans toi. Je croyais que je passerais le restant de mes jours plongée dans le désespoir qui m’habitait alors. Dans ce désespoir, il n’y avait que toi. Mon amour pour toi y occupait tout l’espace. La douleur de te perdre débordait de moi par mes larmes, par mon lait, par mon sang. Ce manque physique de ton absence a duré, mais pas aussi longtemps que j’aurais cru. À mesure que mon corps s’est préparé à accueillir un autre être, qui est devenu ton petit frère, les plaies béantes de ton absence ont commencé à cicatriser.