Aujourd’hui c’est l’anniversaire d’un enfant. C’est sûrement l’anniversaire de plein d’enfants en fait. Mais c’est l’anniversaire d’une petite fille en particulier, née un peu plus d’une semaine avant Paul.
Je savais que tous les deux naîtraient à des dates rapprochées, et se croiseraient chaque année dans les événements familiaux. Peut-être que cette proximité d’âge, fortuite mais pourtant signifiante, aurait fait naître une amitié. Peut-être pas. Mais même si cette proximité affective ne s’était jamais développée, elle et Paul aurait dû grandir en parallèle, célébrant chaque année leur anniversaire à quelques jours d’intervalle, en cette période déjà chargée de fonctions familiales.
J’aimerais avoir le cœur à célébrer aujourd’hui. J’aimerais trouver en moi la capacité à me réjouir pour cette enfant qui grandit, qui vit.
Je ne trouve pas. Pas tout à fait. Pas encore.
Aujourd’hui, je pense à Paul, à ce qu’il aurait dû être, à ses deux ans que nous devrions nous préparer à célébrer. Je pense à la manière dont nous allons souligner cet anniversaire maintenant si lourd parce qu’il est suivi de si près par l’anniversaire deson décès.
Je pense aussi à deux autres petits garçons qui partagent un autre type de proximité fortuite avec Paul. Deux autres bébés d’hiver qui auraient dû avoir deux ans. Deux autres petits dont les ailes ont été arrachées avant même qu’ils ne puissent prendre leur envol.
Aujourd’hui je pense à eux. Je pense à Paul. Ça devra suffire.